Va-t-on faire sauter une bombe atomique dans l'océan pour nous sauver du réchauffement climatique ?

Alors que le réchauffement climatique bouleverse l'écosystème global de la planète, un chercheur américain, accessoirement ingénieur logiciel chez Microsoft, propose une solution insolite pour renverser la situation : faire exploser une bombe au fond des océans !
Andrew Haverly, doctorant en informatique quantique au Rochester Institute of Technology, s'est en effet fait remarquer pour un papier dans lequel il explique comment une explosion atomique sous-marine dans l'océan Austral pourrait aider à capturer massivement le CO2, gaz à effet de serre présent dans l'atmosphère, et ainsi limiter le réchauffement planétaire, voire rétablir l'équilibre climatique.
Pour étayer son projet, Andrew Harvely s'appuie sur le "Enhanced Rock Weathering", un phénomène que l'on traduit par "altération forcée des roches" en français. L'altération des roches est un processus naturel par lequel certains minéraux, comme le basalte, réagissent avec le dioxyde de carbone (CO2) pour former des carbonates stables. Ce faisant, ils séquestrent ce CO2 de manière permanente, un peu comme le font déjà les océans. Ce phénomène se produit naturellement, mais cela se fait sur des échelles de temps géologiques. Ce que Haverly propose donc, c'est de l'accélérer en explosant le basalte présent dans certains fonds marins avec la force nucléaire.
Et le chercheur a déjà tout calculé. Selon lui, une explosion thermonucléaire d'une puissance de 81 gigatonnes survenant à une profondeur de 3 à 5 kilomètres sous le fond marin du plateau basaltique de Kerguelen-Heard – une région éloignée de l'océan Austral située entre les îles Kerguelen françaises et l'Australie – devrait pulvériser environ 3,86 milliards de tonnes de basalte en fines particules. Cela va augmenter la surface de contact entre la roche et l'eau de mer et forcer son altération chimique afin de piéger plus vite le CO2. L'opération, toujours selon le chercheur américain, devrait alors permettre de capturer l'équivalent de 30 ans d'émission mondiale de gaz carbonique par explosion.
L'idée est, avouons-le, vraiment folle, surtout en sachant que plusieurs engins nucléaires végètent déjà en mer. Au regard du rapport bénéfices/coûts, pas sûr ainsi que faire exploser une bombe H, qui sera 5,4 millions de fois plus puissante que la bombe A qui tomba sur Hiroshima, soit vraiment pertinent, particulièrement dans les abysses où la faune est encore largement méconnue. Et que dire quand on sait que pour y arriver, l'auteur annonce avoir besoin de 10 milliards de dollars (environ 9,1 milliards d'euros).
Mais qui sait, un jour peut-être, la situation climatique sera tellement dégradée que l'humanité n'aura d'autre choix que de faire sauter des bombes atomiques sous le plancher océanique dans l'espoir de grappiller quelques décennies en plus à vivre sur la seule planète où elle peut subsister.