Comment le Danemark compte enfouir des tonnes de CO2 dans l'océan

Validé officiellement par le succès d'une phase pilote qui s'est étalée de 2021 à 2023, le projet Greensand est une initiative inter-européenne inédite qui ambitionne de capturer, de transporter, puis de stocker en toute sécurité du CO2, un gaz à effet de serre.
Greensand a été initié par le Danemark et a même été inauguré par le roi Frederik X, alors encore prince héritier. L'idée, sur le papier, est d'une simplicité désarmante : capter directement le gaz carbonique à ses sources, le transporter jusqu'à un site en mer, puis l'emprisonner dans les abysses. Une manière de faire qui, au passage, n'est pas sans rappeler la neige marine.
Arrivé à la mise en œuvre toutefois, les choses se compliquent un peu et ont nécessité la mise en place d'un consortium de 23 entreprises et organisations partenaires menées par la société danoise INEOS Energy. Le CO2 est tout d'abord capturé parmi les émissions des centrales de biogaz éligibles, puis est liquéfié. Il est ensuite mis dans des camions-citernes qui, arrivés au port de Esbjerg, le transbordent dans un bateau spécialement conçu pour le projet Greensand. Ce navire est équipé de cuves cryogéniques capables de maintenir le dioxyde de carbone sous forme liquide à -50°C sous une pression constante de 7 bars.
Le gaz liquéfié est par la suite emmené à 200 mètres au large des côtes, dans la mer du Nord, où il est injecté dans un champ pétrolier épuisé par 1 800 km de profondeur. Cet immense réservoir géologique, ayant contenu du pétrole ainsi que du gaz naturel pendant des millions d'années, est idéal pour emprisonner définitivement le dioxyde de carbone. Pour plus de sécurité, il a également été bardé de capteurs afin d'en surveiller l'intégrité.
Dans sa quête pour se débarrasser du CO2, Greensand a bénéficié d'un financement de 140 millions d'euros dont une partie provient de fonds européens. Il se destine ainsi avant tout aux pays européens, la Belgique, l'Allemagne ou encore les Pays-Bas ayant, en outre, déjà marqué leur intérêt pour le procédé.
Par ailleurs, le projet entre actuellement dans sa phase de commercialisation, annonçant être désormais capable de capturer et d'injecter dans l'océan quelque 400 000 tonnes de gaz par an. Une capacité modeste pour l'instant, mais qui sera amené à augmenter au fil du temps : 8 millions de tonnes par an d'ici à 2030, et même 250 millions de tonnes chaque année à l'horizon 2040.