Les eaux contaminées de Fukushima bientôt rejetées dans le Pacifique

Le Japon se prépare à rejeter plus de 1 000 m³ d'eaux radioactives dans l'océan Pacifique, des eaux contaminées issues de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi. Un projet approuvé par l'autorité japonaise de régulation nucléaire en juillet 2022, mais qui n'est pas sans soulever certaines inquiétudes.

La tristement célèbre catastrophe nucléaire de Fukushima a eu lieu le 11 mars 2011, lorsqu'une vague de 15 mètres de haut atteignit la centrale nucléaire vers 15h30, heure locale. Le tsunami, conséquence d'un séisme d'une puissance de 9,1, a pénétré jusqu'à 10 km à l'intérieur des terres, causant, sans surprise, d'énormes dégâts à la centrale construite sur la côte. Il provoqua une cascade de défaillances qui, en bout de courses, fit entrer en fusion 3 des 6 cœurs nucléaires que compte le site.

Pour refroidir les cœurs de ces réacteurs et éviter le pire, la Tokyo Electric Power Company (TEPCO, l'opérateur de la centrale), y injecte de l'eau en continu depuis 11 ans, une eau qu'il décontamine sur place grâce à une unité appelée "Advanced Liquid Processing System" (ALPS) avant de la stocker dans des milliers de citernes construites à cet effet. Problème, les cuves, qui accueillent également les eaux de pluie ainsi que celles des nappes souterraines, commencent aujourd'hui à être pleines. C'est donc pour faire de la place que TEPCO compte aujourd'hui tout rejeter au large.

Concrètement, la compagnie envisage de construire un pipeline de 2,5 mètres de circonférence et d'un kilomètre de long vers la haute mer. Le dispositif, enterré à 16 mètres de profondeur, permettra de déverser dans l'océan le million de tonnes d'eau accumulé jusqu'ici sans risquer de refoulement vers les côtes. L'eau sera par ailleurs décontaminée une nouvelle fois pour ensuite être diluée dans des bassins d'eau de mer avant d'être lentement rejetée à travers le pipeline.

Malgré toutes ces précautions toutefois, une petite quantité de tritium reste inséparable de l'eau, un détail qui inquiète les pêcheurs locaux, car cet isotope de l'hydrogène est bel et bien radioactif. Une inquiétude que tente de mitiger TEPCO, le tritium n'étant dangereux qu'à très haute concentration, loin de ce qui est détecté aujourd'hui lors des tests menés sur place. Par ailleurs, chapeauté par une ribambelle d'institutions, dont l'Agence internationale de l'énergie atomique, le projet semble avoir déjà reçu l'unanimité auprès de toutes les parties concernées. À comparer même, ce n'est rien face aux déchets nucléaires entreposés en mer et qui risquent à tout moment de se rappeler à notre bon souvenir.

Le rejet des eaux contaminées de la centrale de Fukushima devrait donc débuter vers mars à juin 2023 et devrait durer entre 20 et 30 ans.

Par Andriatiana Rakotomanga