Une crème solaire à base de pollen de camélia pour protéger les coraux

Des chercheurs viennent de franchir une étape prometteuse dans la préservation de la vie marine : l'élaboration d'une crème solaire offrant un indice de protection solaire élevé, tout en étant inoffensive pour l'écosystème marin, notamment les coraux.
Il est connu que la crème solaire pollue les océans. Plus précisément, ce sont les principes actifs de ces produits, les filtres ultraviolets, qui sont dangereux pour les coraux : oxybenzone, dioxyde de titane, ou encore aminobenzoates, pour ne citer qu'eux. Certains contribuent au blanchissement corallien en favorisant un virus mortel pour les zooxanthelles, ces algues microscopiques essentielles à la vie des coraux. D'autres les rendent malades, tandis que d'autres encore provoquent la mort des larves ou induisent des mutations génétiques.
C'est cette toxicité qui a conduit des chercheurs de la Nanyang Technological University de Singapour, menés par le professeur Nam-Joon Cho, à se pencher sur une alternative plus verte de la lotion solaire. Ils sont ainsi arrivés à mettre au point un gel à base de microparticules extraites de pollen : la sporopollénine. Cette matière grasse est un polymère capable de résister aux dangereux ultraviolets du soleil, protégeant ainsi le précieux matériel génétique du pollen. Et, bien sûr, elle est sans danger pour les coraux.
Tous les pollens ne se valent évidemment pas et après différentes expérimentations, le choix du professeur Nam-Joon Cho et de son équipe s'est arrêté sur le camélia. En effet, le pollen de cette plante se prête bien à une transformation en gel, condition principale à une application cutanée. L'autre condition importante est, évidemment, que le pollen ne provoque aucune allergie.
En laboratoire, le gel de pollen de camélia a fait preuve d'une efficacité comparable à celle des crèmes solaires conventionnelles, avec un facteur de protection solaire (FPS) de 30, soit le blocage de 97 % des rayons ultraviolets nocifs. En comparaison, le même procédé appliqué à du pollen de tournesol n'avait pas dépassé un FPS de 5, en plus d'un potentiel allergène plus élevé.
Enfin, critère décisif : la crème solaire de pollen de camélia est parfaitement tolérée par les coraux, ne provoquant aucun blanchiment même après 60 jours d'exposition.
Si tout se passe bien, les chercheurs estiment qu'une version commercialisable pourrait voir le jour d'ici à 5 ans environ. Ce sera alors une alternative plus que viable face aux lotions solaires bio, des crèmes meilleures pour l'océan, mais moins efficaces que celles avec filtres chimiques ou minéraux, tout en étant plus difficiles à appliquer, car trop épaisses.