La moitié des plages pourrait disparaître d'ici la fin du siècle

La moitié des plages pourrait disparaître d'ici la fin du sièclePhoto : Hernán Morales Carrizo / Pixabay

Le réchauffement climatique est l'un des principaux maux de notre siècle, menaçant d'engloutissement différentes villes sur plusieurs continents d'ici à 2100. Et si des centres urbains comme New York, Vancouver ou même Bordeaux ont la tête sous le couperet, les littoraux ne sont guère mieux lotis : la moitié des plages du monde pourraient ainsi disparaître à la fin de ce siècle, si les tendances actuelles se maintiennent.

L'hécatombe est annoncée par des scientifiques de l'UdelaR, l'université d'État de l'Uruguay, qui ont épluché différentes études avant de livrer leur conclusion. Parmi elles, les travaux de chercheurs du Joint Research Centre, le service scientifique interne de la Commission européenne, qui ont analysé l'évolution des littoraux sableux partout dans le monde entre 1984 et 2015, couvrant des milliers de kilomètres de côtes. Ils se sont également penchés sur une étude espagnole publiée en 2021 portant sur 869 plages des îles Baléares et qui a utilisé des modèles multicritères (forme des vagues, granulométrie du sable des plages, couverture des herbiers marins, etc.) pour estimer la submersion et le recul du trait de côte sur l'ensemble de l'archipel.

Par leur travail d'analyse et de compilation, les chercheurs uruguayens sont par ailleurs arrivés à une étonnante conclusion : la disparition progressive des plages ne saurait être uniquement attribuée au réchauffement climatique. Selon eux, les modifications apportées aux littoraux comme l'urbanisation des côtes, la suppression des dunes, ou encore des actions d'apparence anodine comme le nettoyage mécanique des plages en sont également responsables.

En effet, la dynamique des littoraux sablonneux repose sur un équilibre fragile entre plusieurs zones interconnectées : l'arrière-plage (généralement, des dunes), la partie visible de la plage à marée basse (la zone intertidale), ainsi que la zone entre mer et plage où les vagues se cassent (la "surf zone"). Ces trois composantes forment ce que les scientifiques appellent la "zone littorale active", un système dynamique dans lequel le sable circule naturellement entre terre, plage et mer. En période calme, le vent transporte le sable des dunes vers la mer, puis les vagues le ramènent sur la plage. Mais lorsqu'on construit sur le littoral ou qu'on modifie en profondeur la structure du sable, on perturbe ce cycle. Résultat : la plage ne peut plus se reconstituer, l'érosion prend le pas et la mer grignote le rivage.

Terminons tout de même sur une note positive en soulignant que les projections actuelles ne sont pas une fatalité. Les chercheurs pensent que des politiques ambitieuses de réduction d'émissions de gaz à effet de serre combinées à des stratégies de gestion durable des côtes peuvent encore limiter significativement les pertes. Jusqu'à 40 % du recul des plages annoncés pourraient alors être évités, mais pour cela, encore faut-il se rendre compte de l'urgence de la situation.

Par Andriatiana Rakotomanga