Une méduse-robot pour nettoyer en profondeur les océans

Une méduse-robot pour nettoyer en profondeur les océans

Toutes sortes de déchets plastiques finissent quotidiennement dans les mers et les nettoyer devient de plus en plus urgent, alors que les immondices atteignent les profondeurs les plus sombres des océans. Scientifiques ou simples citoyens y vont ainsi chacun de leurs solutions pour tenter de régler la situation : certains planchent sur un robot mangeur de plastique en mer, tandis que d'autres imaginent de grands barrages collecteurs de déchets plastiques. Les chercheurs de l'Institut Max-Planck pour les Systèmes Intelligents préfèrent s'en remettre à une méduse-robot !

L'Institut Max-Planck pour les Systèmes Intelligents est un centre de recherche allemand basé à Tübingen ainsi qu'à Stuttgart-Büsnau. Il s'est spécialisé dans l'étude des systèmes biologiques que les chercheurs tentent de reproduire en se basant sur des modèles informatiques, mathématiques, parfois même biologiques, ainsi que sur la science des matériaux. Autant dire que si quelqu'un peut fabriquer un robot imitant une méduse, ce sont bien les scientifiques de cet institut.

Le choix de la méduse ne s'est évidemment pas fait au hasard. Souple et silencieuse, elle se déplace en s'adaptant à son environnement. Le robot-méduse, baptisé "HASEL jellyfish robot", est ainsi hautement manœuvrable et peut atteindre des zones inaccessibles aux robots sous-marins standards. Il fait à peu près la taille d'une main d'adulte et possède 6 bras : 4 qu'il utilise pour se déplacer à une vitesse d'environ 6 cm par seconde, et 2 bras accrocheurs pour collecter les déchets.

En complément de ses deux bras accrocheurs, le robot est également capable de générer un tourbillon en se déplaçant. Rien d'extraordinaire bien sûr, mais tout de même assez pour entraîner les déchets les moins denses vers la surface. Le système minimise ainsi les prises accidentelles en permettant aux poissons et crustacés de s'échapper s'ils sont pris dans le vortex, tout en maximisant le potentiel de nettoyage du robot.

Enfin, pour fonctionner, le robot-méduse n'a besoin que d'une puissance de 100 milliwatts qui alimente des actionneurs électrohydrauliques silencieux. On est donc très loin des moteurs et des pompes hydrauliques bruyants communément utilisés sur les véhicules sous-marins autonomes (AUV) et les véhicules opérés à distance (ROV). Comme ces derniers toutefois, la méduse nettoyeuse a pour l'instant toujours besoin d'un cordon ombilical pour fonctionner, mais une version sans fil est déjà en cours de développement.

Peu énergivore, silencieuse et pouvant même travailler en équipe, "HASEL jellyfish robot" pourrait bien devenir un allié précieux dans la lutte contre l'invasion plastique dans l'océan. Les ingénieurs travaillent ainsi à réduire son coût, qui est actuellement de 200 dollars l'unité (environ 186 euros), afin de pouvoir le déployer à grande échelle.

Par Andriatiana Rakotomanga