Le rémora, le meilleur ami des requins
Qui ne rêverait pas d'avoir un requin comme garde du corps ? Le rémora, lui, l'a fait : c'est un opportuniste, un parasite qui a trouvé comment tirer parti des squales qui hantent les océans.
Un parasite commensal
Le rémora est ce que l'on appelle un parasite commensal. Il s'agit d'un organisme vivant aux dépens d'un hôte, mais sans pour autant lui faire de mal ou avoir sur lui un effet délétère. Pour survivre dans les parages d'un requin, le rémora a son astuce : il s'accroche à son hôte, loin de sa gueule. Au fil de son évolution en effet, le poisson a transformé sa nageoire dorsale en une ventouse super efficace. Celle-ci, située au-dessus de sa tête plate, lui permet de rester collé à son grand requin sans fournir d'effort.
Il peut alors se régaler des restes tombant de la gueule du squale et peut même filtrer l'eau pour capturer du plancton grâce à ses dents en brosse, le tout, encore une fois, sans dépenser la moindre once d'énergie. Accessoirement, le rémora débarrasse également le requin de ses crustacés parasites (des copépodes) en les mangeant et peut même s'alimenter de ses matières fécales s'il vient à s'accrocher dans la région adéquate.
Dans l'absolu cependant, le rémora n'a pas besoin d'un hôte pour vivre. Il peut tout à fait se nourrir tout seul en chassant de petites proies dans les récifs coralliens comme des mollusques, des poissons ou encore des crustacés. Mais étant dépourvu de vessie natatoire, ce n'est pas un bon nageur et il dépense trop d'énergie en chassant. Sa priorité est donc de s'accrocher à un requin, moyen le plus efficace pour lui de se nourrir, sans compter la formidable protection que lui offre le squale.
Plusieurs espèces de rémoras
Il existe non pas une, mais huit espèces différentes de rémora, le tout dispersé dans 3 genres différents. Tout d'abord, le genre Remora qui en compte cinq :
- le Remora Remora, plus connu sous le nom de "rémora commun" ;
- le Remora albescens ;
- le Remora osteochir ;
- le Remora brachyptera ;
- le Remora australis.
Le genre Echeneis, ensuite, comprend deux espèces qui sont l'Echeneis neucratoides et l'Echeneis naucrates. Pour finir, le genre Phtheirichthys, lui, ne compte qu'une seule espèce de rémora, le Phtheirichthys lineatus.
Les rémoras se rencontrent partout dans les mers et les océans tropicaux du globe. On peut les voir évoluer avec leur hôte jusqu'à 2 000 mètres de profondeur. Le plus souvent, ils vivent en bande sur un requin, même si leur nature solitaire fait qu'ils n'ont généralement aucune interaction entre congénères.
Ami des requins, mais pas seulement !
Il est de coutume de voir des rémoras en compagnie de requins, mais, peu le savent, ce poisson opportuniste peut également "coloniser" d'autres grands animaux marins. Certaines espèces se sont ainsi spécialisées en adaptant leur mode de vie aux habitudes des marlins (le Remora osteochir ou "rémora des marlins"), à celles des espadons (le Remora brachyptera ou "rémora des espadons"), ou encore à celles des raies mantas (le Remora albescens ou "rémora blanchâtre").
Même les dauphins et les baleines ne sont pas épargnés et sont parfois parasités par des Remora australis, autrement appelés, vous l'aurez deviné, "rémoras des baleines".
Ces gros poissons et mammifères ne sont pas les seuls animaux auxquels le rémora s'accroche. Dans les faits, il se colle aussi aux tortues de mers et même aux plongeurs peu vigilants qui l'auront laissé nager sous eux. Il n'est pas rare non plus que ce poisson, décidément collant, se fixe aux coques des bateaux ! Une propension à se cramponner sur tout ce qui bouge que les pêcheurs de certains pays exploitent. Au Kenya, par exemple, ils cousent solidement un fil de nylon au travers du cartilage de la queue du poisson avant de le laisser filer. Une vibration caractéristique préviendra alors le pêcheur attentif que le rémora a harponné un hôte et il ne lui restera plus qu'à remonter la ligne pour découvrir de quel animal il s'agit.