Le Japon songe à autoriser la pêche d'une quatrième espèce de baleine

Le Japon songe à autoriser la pêche d'une quatrième espèce de baleine

Pratique d'un autre âge, la chasse à la baleine a toujours cours au Japon, et ce, malgré les protestations des ONG ainsi que les objections de nombreux pays. Jusqu'ici, trois espèces de baleines sont visées et bientôt, une quatrième pourrait bien rejoindre ce sinistre inventaire.

C'est en 1982 que la Commission Baleinière Internationale (CBI), organisme créé en 1946, annonce l'adoption par 75 % de ses membres d'un moratoire interdisant la chasse à la baleine. Le Japon, jusque-là opposé au traité, le signera à son tour en 1986 et pourtant, il ne cessera jamais de chasser l'animal.

Le pays tire en effet parti d'une faille dans le traité qui, en théorie, n'interdit que la pêche commerciale de la baleine. C'est ainsi sous couvert d'études scientifiques qu'il continue toujours à tuer des cétacés qui, d'une façon ou d'une autre, finissent étrangement sur les marchés japonais. Fin de l'année 2018 enfin, le Japon finit par assumer sa pratique et claque la porte de la CBI, présageant par là d'une réouverture de la chasse commerciale dans le pays.

Officiellement, trois espèces de baleines subissent les affres de la pêche japonaise. Ce sont le rorqual boréal, également appelé "rorqual sei" (Balaenoptera borealis) ; le petit rorqual commun, ou "baleine de Minke" (Balaenoptera bonaerensis et Balaenoptera acutorostrata) ; et enfin le rorqual tropical, aussi connu sous le nom de "rorqual de Bryde" (Balaenoptera edeni). Si le statut de conservation de ces deux derniers est considéré comme étant de "Préoccupation mineure" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la sous-espèce Balaenoptera bonaerensis étant tout de même classée "Quasi menacé", il en est tout autrement du rorqual sei qui est, lui, en danger d'extinction. Quant à la quatrième espèce que le Japon souhaite aujourd'hui chasser, le rorqual commun (Balaenoptera physalus), elle est également menacée, classée comme "Vulnérable" par l'UICN.

Cette annonce d'ajouter le rorqual commun à la liste des espèces de baleines pouvant être ciblées intervient à un moment où la consommation stagne à la baisse dans l'archipel nippon. Elle a été de 2 000 tonnes en 2023 contre environ 1 000 tonnes en 2021 et 230 000 tonnes dans les années 1960. Vu cette tendance, il est tout à fait légitime de se poser la question de la pertinence de cette décision et même sur le fait de continuer à chasser la baleine. D'ailleurs, hormis le Japon et quelques peuples inuits, seuls la Norvège et l'Islande continuent encore aujourd'hui à pêcher ce mammifère marin. À ce propos, l'Islande a justement annoncé vouloir bientôt interdire cette chasse.

Par Andriatiana Rakotomanga