La méduse à la conquête des océans

Si le douloureux souvenir qu'une méduse vous a laissé sur le corps vous fait encore souffrir, voici une nouvelle qui ne va pas vous plaire : les méduses sont en passe de conquérir les océans ! Le pire, c'est qu'elle risque bien d'y parvenir avec notre aide.
La méduse à la conquête des océansPhoto : maury.mccown

Apparue voici 650 millions d'années, la méduse nous cause aujourd'hui un grand souci : elle est en train d'envahir toutes les mers du globe et ce n'est pas beau à voir. Les scientifiques parlent déjà de gélification des océans.

L'homme, le meilleur ami de la méduse

La méduse est une espèce naturellement invasive, pullulant de temps en temps quand l'eau est assez chaude. Depuis peu cependant, l'activité humaine lui donne un fameux coup de pouce :

> Disparition de leurs principaux prédateurs : un seul coupable ici, et c'est la pêche industrielle. Le thon rouge, prédateur direct, est victime de la surpêche. Sans parler des anchois, des sardines et des harengs qui régulent la population de méduses en se nourrissant de leurs polypes (petites méduses). Les tortues luth et les tortues carette sont quant à elles des victimes collatérales, se noyant dans les filets de pêche, ou s'étouffant après avoir ingéré un sachet plastique qu'elles prennent pour une méduse.

> Le réchauffement progressif des eaux : le réchauffement des océans lui donne accès à de nouvelles zones dépourvues de prédateur où elle peut proliférer tranquillement.

> Le rejet d'œstradiol dans la mer : cette hormone utilisée dans la contraception humaine augmente la proportion de poisson femelle par rapport au mâle. Cela gêne leur reproduction et laisse le champ libre aux méduses.

Les conséquences du boom des méduses

La conséquente immédiate de cette prolifération est sûrement la réduction de la population piscicole qui, en plus d'être durement touchée par la surpêche, devient incapable de concurrencer les méduses. Celles-ci ne leur offrent aucune chance avec des bancs de 12 km de long pour plusieurs dizaines de mètres de profondeur, qui se gavent littéralement de larves de poissons avant qu'ils n'aient le temps de grandir.

La pêche fait également les frais de cette conquête des mers. Les filets remontés sont gorgés de méduses qui empoissonnent de leur urticant les poissons pris sous leur poids. Il arrive même que la quantité de méduses prises dans les filets fasse chavirer le navire ! En conséquence, certains pays asiatiques commencent à les mettre de plus en plus de la méduse dans leur assiette.

Enfin, les conséquences les plus évidentes d'une invasion de méduses sur les plages, c'est la fuite des vacanciers devant le danger d'un bain avec des méduses. Bilan : fermeture des plages et obligation de collecter les bestioles pour les incinérer. En plus du manque à gagner, tout ceci représente un surcoût pour une municipalité.

La Turritopsis nutricula, une méduse immortelle

Pour compliquer un peu plus les choses, les méduses ont parmi leurs rangs une espèce un peu spéciale : elle est potentiellement immortelle !

La Turritopsis nutricula mesure à peine 5 mm et est originaire de la mer des Caraïbes. On la pense immortelle car ses cellules sont capables d'inverser le processus de vieillissement. En d'autres termes, cette minuscule méduse peut rajeunir au niveau cellulaire même après avoir atteint sa maturité sexuelle !

On ne sait cependant pas si ce processus est conscient ou réflexe. Dans tous les cas, elle commence à proliférer un peu partout dans le monde, comme toutes celles de son espèce.

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Par Andriatiana RakotomangaMis à jour le 11/08/2018