Il y aurait moins de pollution plastique que pressenti dans les océans
La pollution plastique des océans est depuis longtemps au cœur des débats et si des solutions ont été imaginées et même mises en pratique par des gens de bonne volonté, force est de constater que la situation empire. C'est dans ce contexte un peu désespérant que tombe une nouvelle singulière : il y aurait moins de plastique que prévu dans nos océans.
L'affirmation provient des résultats de recherches co-menées par l'océanographe Mikael Kaandorp de l'université néerlandaise d'Utrecht. Lui et son équipe ont bâti un modèle virtuel à partir de l'observation de différents réservoirs marins. Pour cela, ils ont pris en compte jusqu'à 20 000 paramètres différents comme la profondeur des océans, leurs surfaces, ou encore la quantité de plastique nettoyée sur les plages. L'objectif est alors de comprendre où va tout le plastique que l'on dit finir dans les océans et dont la quantité annoncée ne colle pourtant pas avec celle observée dans la nature.
En 2014 et 2015 en effet, de nombreuses études ont conclu qu'environ 8 millions de tonnes de plastique terminaient tous les ans leur course dans nos mers. Or, tous les chercheurs s'accordent pour dire qu'il n'y en a "que" 250 000 tonnes qui flottent à leur surface. Il y a donc un écart énorme entre ce qui termine dans les océans et ce qui y reste, écart que la simulation a expliqué en sortant les vrais chiffres : ce ne sont pas 8 millions de tonnes qui finissaient dans les océans tous les ans, mais plutôt 500 000 tonnes. En complément, elle a également mis en évidence qu'il n'y avait pas 250 000 tonnes de plastique flottant sur les mers, mais... 2 millions !
Leur modèle a également permis au docteur Mikael Kaandorp et ses collègues de déterminer que 95 % des déchets surnageant sur les flots ont une dimension supérieure à 2,5 cm. C'est une autre bonne nouvelle puisqu'une telle taille devrait faciliter leur collecte, rendant des projets de nettoyage comme Ocean Cleanup pertinents.
D'un autre côté, le fait qu'il y ait autant de débris plastiques flottants dans les mers (2 millions de tonnes pour rappel) alors que "seuls" 500 000 tonnes y terminent tous les ans (16 fois moins que prévu) ne signifie qu'une chose : le plastique a une longévité élevée, même dans l'eau de mer. Si l'on s'échine ainsi à produire toujours plus de ce matériau sans réfléchir à son devenir, il est quasi certain que, tôt ou tard, les océans et les mers finiront en soupe de plastique, comme c'est déjà le cas pour la Méditerranée.