La mer Méditerranée, cette soupe de plastique

La Méditerranée, la Grande Bleue comme on aime à l'appeler, est tombée face au fléau plastique. Fierté de plusieurs peuples, point de rencontre de plusieurs cultures, elle est aujourd'hui en passe de devenir une vulgaire décharge.
La mer Méditerranée, cette soupe de plastique

La Méditerranée est en bien mauvaise posture. Mer-frontière, elle est commune à plusieurs pays et ses 2,5 millions de km² d'eau sont coincés entre deux continents. 22 états se partagent ainsi ses 46.000 km de littoral mis à mal par une forte pression urbaine et un tourisme galopant. Résultat, les déchets de tout ce beau monde atterrissent dans la mer, la transformant en une soupe de plastique.

600.000 tonnes de plastique par an

Selon le World Wide Fund (WWF) qui s'est penché sur la question de la pollution plastique dans la région, les 22 pays limitrophes à la Grande Bleue jettent quelque 24 millions de tonnes de plastique par an. Dans ce nombre incroyable de déchets, environ le quart fini dans la nature et, bien sûr, dans la mer. C'est ainsi que la Méditerranée accueille bien malgré elle 600.000 tonnes de plastique par an, ce dernier constituant 95% des déchets trouvés dans cette mer !

Ce plastique se présente sous deux formes :
> Macro-plastique, c'est-à-dire tout ce qui est gros débris (sachets, pailles, pneus, etc.).
> Micro-plastique, tout ce qui est d'une taille inférieure à 5 mm comme les minuscules billes présentes dans les produits cosmétiques (produits gommant, maquillage, etc.), mais également les particules issues de la dégradation du macro-plastique.

Un niveau de pollution très alarmant

Les déchets en plastique atterrissant dans la mer Méditerranée proviennent, certes, de la concentration urbaine de la région (130 millions d'habitants quand même), mais aussi de l'activité touristique qui y bouillonne chaque été. A cette période, ce sont approximativement 200 millions de touristes qui prennent d'assaut les côtes méditerranéennes, ce qui, à chaque fois, fait monter de 40% la pollution marine de la zone.

Résultat, le niveau de pollution plastique dans la Grande Bleue bat désormais des records avec une concentration en micro-plastique de 1,25 million de particules par km². Cela signifie que la Méditerranée contient à elle seule 7% de tout le micro-plastique du monde, alors qu'elle ne représente que 1% des eaux marines mondiales. Même le continent de plastique du Pacifique en contient 4 fois moins ! Ce triste record atteint aussi les fonds de la Méditerranée où la concentration est cette fois-ci estimée à 10.000 particules par km².

Le plus alarmant, c'est que ces chiffres ne vont aller qu'en augmentant vu la configuration géographique de la Méditerranée. Étant une mer semi-fermée communiquant peu avec les eaux qui l'entourent (en l'occurrence, l'océan Atlantique et la mer Rouge), les déchets qui y tombent ont de très fortes chances d'y rester. En d'autres termes, on est tout simplement en train de noyer la Méditerranée sous le plastique.

Plastique sur la plage

La Turquie, pays le plus pollueur de la Méditerranée

Tous les pays ne contribuent pas de façon identique à la pollution plastique dans la Méditerranée, mais on sait qui est le plus gros pollueur : la Turquie. Elle en déverserait ainsi pas moins de 144 tonnes par jour, soit 52.560 tonnes l'an.

Heureusement qu'en Turquie, on est conscient du danger. Les réglementations se durcissent d'année en année. Depuis 2017 par exemple, les fabricants de plastique turcs sont tenus de recycler 54% de leur production. En 2020, ce chiffre passera à 56%, même si pour l'instant, seuls 40% environ du plastique produit est recyclé.

Quant au reste du top des pollueurs, c'est l'Espagne (126 tonnes de plastique déversées par jour), l'Italie (90 tonnes par jour), l'Égypte (77 tonnes par jour) et la France (66 tonnes par jour) qui se placent sur le podium. A eux cinq, avec la Turquie en plus, ces pays totalisent plus de 30% de la pollution plastique annuelle de la zone.

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 11/07/2019