Le continent de plastique développe son propre écosystème et ce n'est pas positif

En plein cœur de l'Océan Pacifique se trouve ce que les scientifiques nomment le Continent de Plastique. Une masse gigantesque constituée de déchets qui a développé son propre écosystème, et c'est loin d'être une bonne nouvelle.

Le Continent de Plastique, découvert en 1997, est considéré comme le 7e continent avec sa surface de 3,5 millions de km². C'est 6 fois la superficie de la France et cela représente 1/3 de la surface du continent européen. Une vaste étendue essentiellement composée de déchets rejetés par l'Homme, ayant fini par former un îlot. S'il reste encore méconnu, une étude publiée dans la revue "Nature Ecology & Evolution" nous apprend que de la vie s'est développée sur ce continent.

Plus de 100 objets issus de cette île de plastique ont été analysés et, sur les 484 organismes invertébrés repérés sur ceux-ci (avec 46 espèces différentes), les scientifiques ont remarqué que 80 % d'entre eux provenaient en réalité du continent terrestre. Il y a donc de la vie sur le plastique, mais de nombreuses espèces ne devraient pas se trouver là, ni même être en mesure de survivre dans ces conditions, et cela a de quoi inquiéter.

L'écosystème qui s'est développé fait cohabiter des organismes qui vivent normalement sur les côtes – notamment des anémones, de petits crabes et certaines mousses – et des formes de vie de haute mer. De cette observation découlent plusieurs inquiétudes pour les scientifiques. Il est impossible de prédire les conséquences de cette nouvelle cohabitation entre espèces issues de mondes différents. Vont-elles se dévorer entre elles jusqu'à entraîner l'extinction de l'une ou de l'autre ? Est-ce qu'elles vont s'affronter pour occuper le territoire ? Est-il envisageable que des croisements génèrent de nouvelles formes de vie ?

Autant d'incertitudes qui s'ajoutent à celles entourant la présence de ces espèces sur ce continent de plastique. Il semble qu'une partie des déchets (10 à 20 %) soient liés au tsunami de 2011 au Japon, alors que le reste proviendrait essentiellement de l'industrie de la pêche. Mais il pourrait y avoir d'autres causes, notamment des négligences sur les plages et dans les ports.

Toujours est-il que le plastique continue à polluer les océans, entraînant des phénomènes étonnants, pour ne pas dire terrifiants, comme le Plasticroûte ou le Plastiglomérat. Cette manifestation qui prend la forme de cet écosystème d'un nouveau genre est un témoignage de plus démontrant les dangers de l'Homme pour la biodiversité marine.

Par Mickael