1795 : l'insolite assaut d'une flotte par la cavalerie

A la fin du 18e siècle, la France est en guerre : contre l'Autriche mais aussi contre les anciens Pays-Bas. Sachant que des navires néerlandais sont pris dans la glace, deux officiers décident de lancer l'attaque d'une manière plutôt originale : à cheval !
1795 : l'insolite assaut d'une flotte par la cavalerie

Depuis 1792, la France est en guerre. Entre autres contre l'Autriche, qui domine alors également les Pays-Bas Autrichiens (l'actuelle Belgique). Mais également contre les Provinces Unies (les actuels Pays-Bas) en 1793. Après quelques revers, la France obtient la faveur des armes et lance donc à l'assaut le général Charles Pichegru à la tête de l'Armée du Nord.

Des bateaux ennemis pris dans la glace

Après d'éclatants succès en Flandre, l'Armée du Nord prend ses quartiers d'hiver à Amsterdam fin 1794, lorsque Pichegru a vent d'une information de première importance. Une flotte néerlandaise, en route vers l'Angleterre, est prise dans les glaces à proximité du Helder, à une centaine de kilomètres de là.

Pichegru envoie le 8ème régiment de hussards et le 15ème régiment d'infanterie légère. Et il a sous la main celui qu'il faut pour commander l'expédition, en la personne du général Jean-Guillaume De Winter. Celui-ci, néerlandais engagé dans l'armée française depuis 1787, a commencé sa carrière militaire comme marin et a donc le profil idéal pour cette mission. Il se lance avec un autre officier, Louis-Joseph Lahure, à la tête d'un détachement de fantassins montés en croupe de la cavalerie, pour s'emparer de la flotte.

La cavalerie à l'assaut des navires

Les sabots des chevaux ont préalablement été enveloppés dans du tissu pour limiter les dérapages et le bruit, afin de prendre les équipages par surprise. Après une charge effectuée sans rupture de la glace, la cavalerie a pu monter à l'abordage de la flotte néerlandaise et obtenir sa reddition, marquant ainsi la fin de la conquête des Pays-Bas. L'artillerie embarquée n'a rien pu faire, n'étant pas conçue pour tirer sur des cibles aussi basses.

bataille

Cette version des faits du 23 janvier 1795, la plus connue, est très certainement enjolivée si l'on en croit d'autres témoins, et même Lahure et De Winter eux-mêmes dans certains de leurs écrits. Après la charge de la cavalerie, nul abordage et nul combat. Le commandant de la flotte, l'amiral Van Kinsbergen, a immédiatement déposé les armes et invité Lahure et Winter à négocier sa reddition autour d'un repas. En effet, l'amiral avait eu vent de la capitulation de plusieurs villes des Pays-Bas quelques jours auparavant et il avait très probablement reçu l'ordre de n'offrir aucune résistance.

Une mesure préventive

Cet épisode n'a eu aucune conséquence militaire ou politique pour la suite des opérations aux Pays-Bas. Mais il aura peut-être évité à la quinzaine de navires de guerre bataves de grossir encore les rangs de l'Angleterre, le plus constant ennemi de la France.

Ce qui est sûr, c'est qu'il a été mis en avant par Louis-Joseph Lahure, entre temps passé général, pour obtenir que son nom soit inscrit sur l'Arc de Triomphe.

Par Charles LorrainPublié le 17/06/2021