Une épave du XVIe siècle découverte au large de Ramatuelle, à une profondeur record

Qui n'a pas rêvé de découvrir l'épave d'un vieux bateau au cours d'une plongée ? Par hasard, la Marine nationale a exhumé un navire du XVIe siècle, gisant au large de Ramatuelle, dans le Var.
Imaginez : par 2500 mètres de fond, une épave attend patiemment, figée depuis cinq siècles, et s'offre soudain à vos yeux. Troublant, avouez-le ! Découverte inopinément par la Marine nationale, cette épave du XVIe siècle repose à une profondeur record pour une localisation en France, au large de la côte varoise.
Le 4 mars 2025, lors d'une opération militaire de maîtrise des fonds marins, l'équipe du Centre expert plongée humaine et intervention sous la mer (CEPHISMER) de la Marine nationale a repéré des signaux inattendus via sonars, dans une zone non cartographiée. Quelques jours plus tard, grâce à un drone sous-marin, des images haute définition ont permis au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) du ministère de la Culture, d'identifier un navire de commerce du XVIe siècle, probablement originaire de Ligurie et mesurant 30 mètres de long sur 7 mètres de large.
Au XVIe siècle, ces navires reliaient Gênes aux ports méditerranéens, transportant céramiques et métaux. Ici, environ 200 pichets en céramique, ornés de motifs liguriens, ont été découverts, certains portant le monogramme du Christ IHS (Iesus Hominum Salvator, c'est-à-dire "Jésus sauveur des hommes"), d'autres des motifs géométriques ou floraux. Six canons défensifs, des assiettes jaunes, deux chaudrons et des barres de fer complètent l'inventaire. Cela pique la curiosité de certains archéologues, à l'instar de Marine Sadania de la DRASSM, qui espère découvrir le mystère derrière le naufrage de cette embarcation.
Baptisée Camarat 4, l'épave, étonnamment préservée et jamais pillée, est menacée par la pollution contemporaine en Méditerranée. Plastique, filets de pêche et canettes en aluminium se mêlent à la précieuse cargaison. On a même été retrouvé un coussin et… des menottes ! Un mystère gît donc dans les abysses. Problème, ces débris modernes, traîtres silencieux, risquent d'effacer ce legs historique. Ce qui pousse la DRASSM à accélérer la cartographie 3D, sans prélèvement pour l'instant, pour protéger ce trésor. Dans l'immédiat, l'approche se fait à distance raisonnable afin de ne rien endommager.
Camarat 4, joyau des abysses varois, ouvre une fenêtre sur le XVIe siècle, entre commerce ligurien et secrets engloutis. En attendant son double numérique, cette épave nous rappelle l'urgence de protéger nos trésors sous-marins des assauts de la pollution. Un appel à préserver l'histoire, avant que les filets modernes n'effacent les céramiques d'antan !