Une nuée de drones pour établir une carte des fonds marins

Une nuée de drones pour établir une carte des fonds marins

DEESS, pour "Distributed Ecological and Environmental Subsea Sensing", est une start-up basée à Nice. Son ambition est de cartographier le plancher océanique tout en réalisant un inventaire de la biodiversité marine. Jusqu'ici, cela se fait en photographiant ou en filmant manuellement les fonds marins, avec tout ce que cela implique en lourdeur : logistique, équipements, temps de plongée, etc. Le processus est donc lent et coûteux, tout à l'opposé de l'urgent impératif qu'est la préservation des habitats marins. Pour aller plus vite, DEESS a donc imaginé une technologie à base de drones et d'algorithmes qui automatisera tout le processus, tout en accélérant son exécution.

L'idée est d'utiliser une nuée de micro-drones sous l'eau, qui vont photographier les fonds marins. Se déplaçant à un maximum de 5 mètres du fond (2 mètres minimum), ils avanceront en ordre de bataille à une distance de 4 mètres chacun. Pour que les micro-drones puissent naviguer de manière synchronisée, à la même vitesse et sans dévier, d'autres drones, évoluant en surface cette fois-ci, contrôleront leurs trajectoires à l'aide de sonars et corrigeront automatiquement tous les écarts. Selon les estimations de la start-up, tout le dispositif devrait pouvoir avancer à une vitesse de 2,5 km/h, permettant ainsi à une centaine de drones de couvrir 1 km² en une heure, le tout sans aucune intervention humaine !

Une fois le quadrillage d'une zone terminée, les photos prises par les micro-drones seront traitées et assemblées à la manière d'une mosaïque, offrant ainsi une carte détaillée du relief sous-marin. Mais là où c'est le plus intéressant, c'est que des intelligences artificielles permettront par la suite de détecter instantanément les espèces benthiques capturées en photos, depuis les coquillages aux oursins en passant par les étoiles de mer. Cela ouvre tout un nouveau champ de possibilités aux scientifiques, comme l'inventaire des habitats bien sûr, mais également le suivi des écosystèmes dans le temps ou même dans l'espace.

DEESS, lauréat de l'édition 2022 du concours d'innovation Octo'pousse organisé par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), va recevoir l'aide de ce dernier afin de concrétiser son projet. La start-up niçoise a donc maintenant 18 mois pour sortir des prototypes viables utilisant sa technologie, le tout avec l'appui technique de l'institut.

Par Andriatiana Rakotomanga