Les Marquises s'ouvrent à la pêche industrielle

Les Marquises sont un archipel sous souveraineté française situé au milieu du Pacifique. Des îles paradisiaques où il fait bon vivre, si l'on en croit Jacques Brel et Paul Gauguin, qui ont décidé d'y résider à l'année et d'y mourir. Mais les paradis ne sont pas toujours épargnés par la guerre. Et dans le cas présent, c'est une guerre pour l'environnement marin des îles et pour la préservation du cadre et du mode de vie des Marquisiens.

Soucieuse de réduire le chômage de ses administrés, la Communauté de Communes des Îles Marquises (Codim) a pris l'initiative d'autoriser la pêche au thon industrielle autour de l'archipel. Une société américaine, Big Eye, a donc reçu l'onction des autorités marquisiennes pour envoyer une flotte de 24 thoniers dès 2017. Elle sera portée à 40 thoniers et deux bateaux-usines d'ici 2 à 3 ans.

Cette décision provoque la fureur des Marquisiens, qui n'ont pas été consultés. Ils semblent avoir fait leur le proverbe amérindien « Quand le dernier poisson sera pêché, alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas ». La Fédération des Associations de Protection de l'Environnement de Polynésie est vent debout contre ce projet.

Le thon visé par cette pêche industrielle est le thon obèse, ou bigeye, qui est dans une situation de surpêche notoire. Les pêcheurs artisanaux voient cette concurrence déloyale d'un mauvais œil et les 600 emplois promis n'ont pas l'air de peser lourd dans l'archipel où le chômage s'élève pourtant à 30%. Une pétition d'opposition au projet a déjà recueilli plus de 2500 signatures, pour une population marquisienne de 10.000 habitants, devant la crainte non seulement de la fin de la pêche traditionnelle, mais aussi de la pollution et de la destruction de nombreuses autres espèces qui nagent dans les eaux marquisiennes.

Fait amusant, la maison-mère de Big Eye s'appelle... Degage. Alors, dégagera, dégagera pas ?

Par Charles Lorrain