Le tilapia noir menace de détruire la filière piscicole thaïlandaise
Introduit en Thaïlande dans les années 2010, le tilapia noir (Sarotherodon melanotheron), menace d'annihiler toute l'industrie piscicole du pays. En cause, son rythme de reproduction qui fait de lui une espèce invasive.
Originaire d'Afrique de l'Ouest, le tilapia noir est un poisson d'eau douce et d'eau saumâtre, reconnaissable à ses taches noires sous la bouche, sur la partie inférieure de sa tête ainsi qu'aux extrémités de ses nageoires dorsale et caudale (sa queue). Ce poisson se reproduit à une fréquence soutenue, les femelles pondant toutes les deux à trois semaines. Les œufs fécondés sont ensuite gardés par les mâles dans leurs bouches pour les incuber.
Ainsi protégés, les œufs ont un fort taux de survie et chaque mâle peut alors relâcher entre 100 et 200 alevins à chaque cycle de reproduction. En Thaïlande, ce rythme frénétique a entraîné une surpopulation de tilapia noir, une prolifération qui a fini par mettre à genoux les exploitations aquacoles du pays.
Il faut savoir en effet que le tilapia noir se nourrit de plancton, qui, pour rappel, inclut les œufs et les larves d'autres poissons. En les dévorant, il supplante progressivement les espèces locales, de même que les espèces commerciales élevées dans les fermes piscicoles de plusieurs districts du Pays du sourire. Les pertes économiques sont massives, estimées à 10 milliards de bahts en juillet 2024 (environ 264 millions d'euros) et forcent le gouvernement thaïlandais à prendre des mesures d'urgence.
L'une des initiatives phares a été d'encourager la capture du fautif, récompense à l'appui : 15 bahts (0,4 euro) le kilogramme, offert par le Ministère de l'Agriculture. Depuis mi-juillet 2024, elle a permis, en sept mois, de prélever 1 300 tonnes de tilapia noir dans les lacs, étangs et autres cours d'eau du pays. Parmi les autres solutions envisagées figurent aussi la libération de prédateurs dans la nature, tels que le poisson-chat à longues moustaches ou le bar asiatique, et même l'introduction de tilapias génétiquement modifiés pour limiter la reproduction de l'espèce.
Pour l'instant, rien ne dit que les solutions trouvées jusqu'ici sauront endiguer la prolifération du tilapia noir en Thaïlande. Le temps presse, cependant, car avec sa prolifération, c'est toute une industrie qui est aux abois.