Le permafrost laisse échapper du gaz hilarant

Le permafrost laisse échapper du gaz hilarantPhoto : J. Triepke

Des scientifiques ont remarqué que la fonte de la glace de l'Arctique laissait s'échapper du protoxyde d'azote, plus communément connu sous le nom de "gaz hilarant".

Les études ont été réalisées sur des échantillons prélevés en Laponie Finlandaise et les prélèvements ont été faits directement dans le permafrost, également appelé pergélisol en français. Concrètement, le permafrost désigne un sol qui est gelé en permanence toute l'année. D'une épaisseur comprise entre 50cm et 1m, elle représente environ 20% de la surface de la Terre.

De façon naturelle, une grande quantité de protoxyde d'azote est présente dans le permafrost, mais étant donné que ce type de sol est gelé, il est imperméable. Le gaz reste donc piégé à l'intérieur. Cependant, en raison du réchauffement climatique, cette couche glacée commence à fondre et l'une des conséquences de cette fonte est que le protoxyde d'azote piégé retrouve le chemin de la liberté.

Le phénomène est également accentué par le fait que cette partie du globe est majoritairement exempte de toute végétation. Or, c'est cette végétation qui, en absorbant l'azote contenu dans les sols, limite la formation du protoxyde d'azote. C'est, par exemple, exactement pour cette même raison que les forêts tropicales sont actuellement les principales sources d'émission de ce gaz (environ 20% des émissions mondiales) : la déforestation massive qui s'y passe depuis plusieurs années maintenant empêche la flore d'absorber correctement l'azote.

On serait tenté de penser que du gaz hilarant, on en utilise bien chez le dentiste, alors pourquoi en faire tout un plat ? Malheureusement, le protoxyde d'azote possède également un pouvoir de réchauffement 300 fois supérieur au dioxyde de carbone, ce qui en dit beaucoup sur le danger qu'il représente pour la planète. Il est aussi à la troisième place des gaz à effet de serre avec environ 9% des émissions, juste après le méthane (18%) et bien loin toutefois derrière le dioxyde de carbone (72%).

Le seul réconfort est que, jusque-là, la quantité de protoxyde d'azote qui s'échappe du permafrost est encore négligeable. Les scientifiques ont néanmoins raison de s'inquiéter, notamment en raison de l'accélération de la fonte des glaciers qui amplifiera le phénomène dans un avenir pas si lointain.

Par Andriatiana Rakotomanga