L'océan Antarctique n'accueillera pas de réserve marine internationale

L'océan Antarctique n'accueillera pas de réserve marine internationale

L'océan Antarctique a failli accueillir un autre sanctuaire marin en fin d'année 2018. Failli, oui, puisque tout est tombé à l'eau à cause de 3 pays qui ont décidé de poser leur veto.

Imaginez : 1,8 million de kilomètres carrés préservés de toute activité humaine. Pas d'exploitation pétrolière, pas de bateaux de croisière et encore moins de pêche industrielle. 1,8 million de km² dans lesquels baleines, manchots et ours polaires auraient pu vivre en toute quiétude si ce n'était de la volonté de 3 pays : la Russie, la Chine et la Norvège. Membres de la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR), un organisme international créé en 1982 pour protéger les ressources marines vivantes de cette partie du globe, ces trois-là furent les seuls à s'être opposés au projet parmi les 25 nations membres réunies autour.

La véritable raison derrière cette discordance ? Le krill, une crevette abondante en Antarctique et pêchée de plus en plus frénétiquement ces dernières années. Et, devinez quoi, cette pêche est surtout pratiquée par les 3 pays cités plus haut. Il n'y a pas de hasard.

Ce n'est pourtant pas le krill, base de la chaîne alimentaire marine, qui va pâtir le plus de cette mauvaise décision. Non, c'est plutôt le... climat ! En effet, cette petite crevette a pour habitude de migrer chaque nuit au fond des mers pour se cacher et ce faisant, elle y transporte et libère du dioxyde de carbone. En sachant qu'il y a environ 650 millions de tonnes de krill en Antarctique et qu'un krill pèse environ 2 grammes, on ne peut qu'imaginer le puits à carbone phénoménal que cela représente. C'est l'équivalent, par voyage, de ce qui est émis par 35 millions de voitures en un an. Et les krills font plusieurs voyages par nuit...

Ratifier ce projet de réserve marine est donc une question de survie et l'association Greenpeace, qui suit de près le dossier, reste confiant : les négociations se poursuivront cette année 2019 ! En attendant, dites-vous qu'il existe déjà un sanctuaire marin en Antarctique. Créé en 2016 pour une durée de 35 ans dans la mer de Ross, il fait 1,55 million de km² et est, pour l'instant, la plus grande réserve marine du monde.

Par Andriatiana Rakotomanga