Il y aurait nettement plus de plastique que prévu dans nos océans

Il y aurait nettement plus de plastique que prévu dans nos océans

Une étude sur l’abondance du microplastique vient jeter un nouveau pavé dans la mare déjà bien encombrée de la pollution marine. En appliquant de nouvelles méthodes d'échantillonnage et de dénombrement dans leur travail, les chercheurs annoncent des résultats presque 5 fois plus élevés que ce qui était admis jusqu’ici.

Menés par le professeur Atsuhiko Isobe, océanologue de l’université japonaise de Kyushu, les scientifiques se sont penchés sur la quantité de micro et de nanoplastique contenu dans les océans du globe. Leur objectif : créer un jeu de données fiable et à jour sur leur réelle abondance afin de faciliter les futures recherches sur la pollution plastique. Il faut savoir en effet que le macroplastique comme les filets abandonnés, les emballages, ou encore les bouteilles et leurs bouchons, ne sont qu’une petite fraction du plastique contenu dans l’océan.

La vaste majorité de cette pollution est en réalité composée de petits morceaux inférieurs à 5 mm provenant soit de la dégradation du macroplastique, soit de certains cosmétiques qui contiennent des micro-billes plastiques, soit encore des larmes de sirène ou, plus étonnant, de nos vêtements comme les maillots de bain, plus polluants qu'on ne le pense !.

Pour mener à bien leurs recherches, le professeur Atsuhiko Isobe et son équipe ont épluché toutes les données recueillies entre les années 2000 et 2019 sur le sujet. Une somme hétérogène d’informations provenant de 8 218 échantillons, qu’ils ont ensuite soumis à une suite de calculs complexes afin de tout standardiser - une opération communément appelée "redressement d’échantillons" en statistique.

Les savants calculs des chercheurs leur ont permis de dégager deux choses. La première est la carte la plus détaillée à ce jour montrant la concentration en microplastique dans toutes les mers et les océans du monde. La seconde est un chiffre : 24,4 trillions, soit 24,4 milliards de milliards. Il s’agit du nombre total de microparticules de plastique présent dans l’océan mondial !

Depuis 2015, il était communément admis dans la communauté scientifique que ce chiffre se situait plutôt aux alentours de 5,5 trillions. Le travail de l’équipe du professeur Atsuhiko Isobe montre ainsi que la pollution plastique a été largement sous-estimée et l’est sûrement toujours puisque de l’aveu même de l’océanologue, son équipe a cruellement manqué de données dans les régions ouest de l’océan Indien et sud de la mer de Chine. L’avancée du plastique est donc logiquement plus grave qu’annoncé, ce qui ne fait que renforcer l’urgence de la situation.

Par Andriatiana Rakotomanga