Des lions de mer aident à cartographier les océans

Traditionnellement, la cartographie des fonds marins repose sur l'utilisation de véhicules sous-marins, une méthode coûteuse en ressources et en temps tout en étant dépendante des conditions météorologiques. Pourquoi alors ne pas utiliser des espèces déjà habituées aux profondeurs pour nous aider ?
C'est, en substance, le raisonnement des chercheurs australiens du South Australian Research and Development Institute (SARDI) ainsi que de l'Université d'Adélaïde qui ont eu l'idée d'équiper 8 lions de mer femelles australiennes de petites caméras. En laissant les animaux errer à leur guise, les chercheurs ont alors pu découvrir des habitats sous-marins jusqu'alors inexplorés à travers les images collectées.
Les 8 mammifères ont été sélectionnés sur l'île Kangourou, troisième plus grande île d'Australie, selon des critères précis. Les femelles, par exemple, ont été choisies jeunes et seules afin de réduire au maximum les conséquences que leur expérience pourrait engendrer dans les colonies. Elles ont par la suite été sédatées afin de permettre aux scientifiques de coller leurs caméras sur leur fourrure. Pour finir, les chercheurs les ont relâchées au large de la côte sud de l'Australie.
Les lionnes de mer ont pu parcourir 560 kilomètres avant de revenir à terre, chose qui leur a pris entre 2 et 10 jours. Les scientifiques ont alors dû les endormir à nouveau afin de récupérer leurs enregistrements. En tout et pour tout, ils sont arrivés à un total de 89 heures exploitables (séquences de jour), assez pour leur permettre de cartographier environ 5 000 kilomètres carrés de fonds marins.
Les données récoltées par les otaries, l'autre nom des lions de mer, ont ainsi amené les scientifiques jusqu'à 110 mètres de profondeur, révélant une diversité d'habitats insoupçonnés allant de récifs rocheux à des prairies sous-marines. Les images capturées ont également offert un précieux aperçu du comportement des lions de mer ainsi que de leur interaction avec leur environnement.
Par exemple, les chercheurs ont pu observer une femelle retourner une grosse pierre pour débusquer une pieuvre, ou encore une mère emmener ses chiots en mer afin de leur enseigner ses techniques de chasse. Ces comportements, difficilement observables autrement, enrichissent la compréhension de cette espèce en danger d'extinction et sont précieux pour appuyer les efforts de conservation nécessaires pour les protéger.