Au Kérala, les pêcheurs nettoient l'océan à la main

Au Kérala, les pêcheurs nettoient l'océan à la mainPhoto : Silver Blue

Alors que les initiatives contre le plastique se multiplient, on remarque que leurs applications se compliquent. Ici, un jeune visionnaire veut mettre une poubelle géante dans l'océan, et là, des étudiants testent une machine pour récupérer la plus petite particule de plastique dans le sable. Les pêcheurs kéralais, eux, font dans le simple : ils nettoient la mer manuellement pour ensuite recycler le plastique qu'ils ramassent.

Le Kérala est une région à la pointe sud-ouest de l'Inde qui n'occupe guère plus qu'une étroite bande de terre. La pêche y est une activité vitale et l'on s'y adonne encore de manière traditionnelle en utilisant des techniques aussi anciennes que la pêche à la senne. Les sorties se font à plusieurs embarcations et il n'est pas rare qu'elles rassemblent une bonne trentaine d'hommes. Pêche artisanale oblige pourtant, les prises ne sont pas faramineuses : quelques petits kilos de poissons à chaque sortie qu'il va pourtant bien falloir se partager.

Or, les marins du Kérala ont remarqué ces dernières années qu'ils remontaient de moins en moins de poissons et de plus en plus de déchets plastiques dans leurs filets. Une situation délicate mettant non seulement leur moyen de subsistance en péril, mais menaçant également la faune marine de cette partie du Pacifique. La prise de conscience a donc été collective, de même que les actions qui suivirent.

Sans attendre une quelconque action gouvernementale ou ONG, les pêcheurs kéralais ont décidé de monter une brigade de récupération plastique dans deux des plus grands ports de leur région. Tous les jours, 5% de leur flotte, soit quarante bateaux, sortent en mer pour collecter les déchets, et tous les jours, ils en reviennent avec 800 kg de plastique !

Tous ces déchets sont bien entendu destinés au recyclage et ont besoin d'être préalablement triés pour être exploités. Un travail que les femmes abattaient sans rechigner jusqu'à ce que le gouvernement, via une société locale, leur fournisse une machine capable de trier, laver et découper toute seule le plastique. Un soulagement, mais surtout le signe qu'ils ne sont pas seuls dans leur combat. Le plastique traité, quant à lui, sera mélangé à du goudron pour recouvrir des routes résistantes aux intempéries.

La morale de l'histoire ? Nul besoin d'être un génie pour sauver la planète, un peu d'huile de coude peut faire des miracles !

Par Andriatiana Rakotomanga