Le bernard-l'hermite victime du plastique dans les îles Cocos
Alors que le plastique continue d'envahir nos océans, des scientifiques lèvent le voile sur une hécatombe : plus d'un demi-million de bernard-l'hermites retrouvés morts sur plusieurs îles de l'océan Indien. En cause, justement, la pollution plastique.
La découverte, publiée en novembre 2019, a eu lieu en 2017. Cette année-là, le Dr Jennifer Lavers ainsi que son équipe du IMAS (Institute for Marine and Antarctic Studies) étudiaient l'accumulation de plastique dans des îles de l'océan Indien. Dans les îles Cocos, tandis qu'ils cheminaient parmi les millions de débris plastiques échoués sur le littoral, le Dr Lavers fut frappé par le nombre de bouteilles en plastique, de bidons et autres récipients contenant des bernard-l'hermites. La plupart du temps, les animaux étaient morts, piégés dans le contenant. Intriguée, elle décida de mener une étude plus poussée sur les causes du phénomène.
L'équipe passa tout au crible, depuis le nombre de récipients ouverts trouvés sur les plages, jusqu'au nombre de contenants dont la position les rendait susceptibles de piéger le petit crustacé. Elle a ainsi pu déterminer, rien que sur les îles Cocos, que la mortalité due aux déchets plastiques s'élevait à 1.117 bernard-l'hermites par m² et par an. Autrement dit, 508.000 spécimens y meurent tous les ans, victimes directes du plastique ! Sur l'île Henderson, à quelque 13.000 km de là, même topo, mais cette fois-ci avec un taux de mortalité estimé à 2.447 bernard-l'hermites/m²/an. Cela représente un total de 61.000 spécimens tués chaque année.
Pour comprendre pourquoi autant de bernard-l'hermites meurent dans ces déchets en plastique, il faut savoir que ce crustacé ne produit pas sa propre carapace. Pour se protéger, il doit s'en approprier une vide dans son environnement. Comme la nature fait bien les choses, quand un bernard-l'hermite meurt, il émet une sorte d'avis de vacation, un signal chimique faisant comprendre à ses congénères qu'une carapace s'est libérée.
L'ennui est que si le signal est émis par un animal mort au fond d'une bouteille, il va attirer à sa suite d'autres bernard-l'hermites qui vont à leur tour succomber au terrible piège. Et comme en mourant ils vont eux aussi émettre le fameux signal, cela crée un effet domino fatal.
Jennifer Lavers est convaincue que le phénomène n'est pas cantonné aux îles Cocos et Henderson. Désormais, elle veut mener d'autres recherches pour mieux comprendre son étendue et ses impacts à l'échelle de la planète.