Le vaquita, le plus petit marsouin du monde

En mer de Cortés se cache une petite créature à la fois timide et discrète. Elle porte plusieurs qualificatifs comme "le plus rare des cétacés" ou encore "le plus petit marsouin du monde". Derrière ces titres de manchette pourtant, se cache une tout autre réalité.
Le vaquita, le plus petit marsouin du monde

Le vaquita appartient au sous-ordre des cétacés à dents (odontocètes). Son nom latin est Phocoena sinus, ce qui n'empêche pas certains scientifiques de l'appeler "Vaquita marina", terme espagnol pour dire "petite vache marine". Une description qui lui va à ravir.

Un tout petit cétacé

Avec ses 1,20 à 1,50 mètre de long et ses 40 à 50 kilos à l'âge adulte, le vaquita est loin d'égaler la baleine bleue ou l'énorme cachalot. C'est pourtant bel et bien un cétacé, de la famille des marsouins précisément. C'est même le plus petit de tous, plus petit qu'un dauphin auquel il ressemble beaucoup.

À l'instar du dauphin, le vaquita possède une livrée contrastée, gris dans son dos et plus clair côté ventre. Ses yeux sont entourés de noir, de même que sa "figure" et sa bouche, ce qui l'affuble en permanence d'une expression attendrissante. En revanche, à l'inverse du dauphin, le vaquita n'a pas de rostre (le prolongement pointu de la tête).

Une espèce endémique à la mer de Cortés

Le vaquita se rencontre exclusivement dans les eaux de la mer de Cortés (ou Cortez), une zone du Pacifique nord-est (à l'ouest du Mexique) également connue sous le nom de "golfe de Californie". Voilà pourquoi ce cétacé est aussi parfois appelé "marsouin du Pacifique" ou, plus spécifiquement, "marsouin du Golfe de Californie".

Dans le golfe, l'animal préfère nager dans les eaux sombres et peu profondes des lagunes où il chasse poissons, calmars et crustacés à l'aide de son écholocalisation. Ce comportement, associé à son caractère farouche, rend les observations de l'animal très difficiles. Cependant, si les apparitions du vaquita sont aujourd'hui plus que rares, ce n'est pas à cause des habitudes de l'animal, mais plutôt d'un braconnage qui décime sa population.

vaquita

Pêche illégale et dommage collatéral

Dans les faits, ce n'est pas le vaquita qui est braconné, mais l'une des espèces qui cohabitent avec lui dans le golfe, à savoir, le totoaba. Ce grand poisson argenté (presque 2 mètres de long pour une centaine de kilos), également endémique à la mer de Cortez, y est victime d'une pêche acharnée à cause de sa vessie natatoire, très prisée en médecine chinoise. Elle est tellement convoitée que le kilo se négocie jusqu'à 100 000 dollars (environ 93 000 euros), un prix indécent qui lui a attiré l'attention des cartels et aggravé son braconnage.

Malheureusement pour le vaquita, sa taille, quasiment identique à celle du totoaba, lui vaut également d'être pris dans les filets des pêcheurs illégaux, sans parler des filets fantômes, abandonnés par les braconniers et qui capturent inutilement des proies. Ainsi, bien qu'ils ne soient pas la cible principale du trafic, les vaquitas souffrent tout aussi fortement du braconnage que le totoaba.

Le mammifère marin le plus en danger du monde

Victime de pêche accidentelle, la population de vaquitas a connu un déclin dramatique au cours des dernières décennies. Selon les estimations, il restait environ 600 individus en 1997, une centaine en 2014, une soixantaine en 2015, et, en 2018, seuls 19 individus ont pu être recensés. Aujourd'hui, le vaquita est le cétacé le plus en danger d'extinction du monde. Afin de sauver l'espèce, le gouvernement mexicain avait déjà tenté de capturer quelques spécimens et de les élever en bassin. Malheureusement, il s'est avéré que la captivité était fatale à l'animal et le projet a dû être abandonné.

Malgré tout, il existe une lueur d'espoir pour sauver le vaquita de l'extinction. En effet, des études génomiques initiées par des chercheurs de l'Université de Californie, de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), ainsi que d'autres instituts, ont révélé qu'aucun signe de consanguinité n'existait parmi les individus survivants. Cela suggère que, si on laissait tranquilles les vaquitas, leur population pourrait potentiellement se rétablir naturellement.

Mais il faudra les laisser en paix très longtemps puisqu'un vaquita n'atteint sa maturité sexuelle qu'à l'âge de 3 à 6 ans, et que sa gestation dure 10 à 11 mois. Ensuite, la mère ne donnera naissance qu'à un seul petit qu'elle allaitera pendant presque un an également. Un rythme de reproduction relativement lent, qui signifie que la seule façon de sauver l'animal serait donc d'interdire définitivement les filets de pêche à sa taille dans les eaux du golfe de Californie.

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 14/11/2023