Le crabe bleu, nouvel envahisseur indésirable en Méditerranée

C'est l'histoire d'un beau petit crabe qui a traversé les océans pour parvenir jusqu'aux côtes méditerranéennes, où il décime les autres populations. La solution ? Le capturer en masse pour garnir les plateaux de fruits de mer.
Le crabe bleu, nouvel envahisseur indésirable en MéditerranéePhoto : capture France 24

Ce joli petit crabe bleu est un danger pour les lagunes méditerranéennes ! Callinectes sapidus est une espèce invasive de plus dans notre écosystème hexagonal, qui en compte pas loin de 900 en tout. Sa prolifération rapide en fait un véritable danger pour certains mollusques et poissons locaux, qu'il dévore avidement.

Un crabe gourmand et malin

Si vous le voyez, vous aurez plutôt tendance à vous extasier devant sa beauté. Chez le mâle, des pinces d'un bleu azur confèrent à ce crabe beaucoup d'élégance. Mais parlez-en aux pêcheurs de la Méditerranée ! Avec tristesse, voire colère, ils vous expliqueront que ce crustacé décapode est une calamité ! Il dévore tout ce qui lui tombe sous la pince : crustacés, mollusques, poissons, anguilles… Même des canetons dans les lagunes ! Il est carrément surnommé la « machine de guerre ». Cela plante le décor.

S'il se fait prendre dans un filet de pêche, le crabe bleu dévorera tout ce qui s'y trouve avant de le découper avec ses pinces pour s'enfuir à la nage. Cet animal est si vorace qu'il finit par appauvrir les fonds sous-marins. Ceux de la Méditerranée, déjà fragilisés par les changements climatiques et la pollution notamment, pourraient ne pas y survivre.

Un voyage depuis l'autre bout de l'océan

Mais comment cet animal exotique est-il arrivé sur nos côtes ? Et d'abord, d'où vient-il ? Il serait originaire des côtes américaines, du sud du Canada à l'Argentine. Comme il n'a pas pu faire le voyage seul, il a dû être aidé. Et les grands cargos naviguant d'une côte à l'autre ont fort probablement contribué à son exode. Les espèces invasives arrivent souvent par le biais des eaux de ballast. Les bateaux transportent et transvasent d'un bout à l'autre de la planète des milliards de litres d'eau de mer chaque année… avec leurs organismes et espèces vivantes !

Le réchauffement climatique aidant, Callinectes sapidus s'est trouvé tout à fait bien près des côtes de la Grande Bleue, avec un gîte et un couvert de choix ! Il s'y est donc installé et a proliféré, à raison de 2 millions d'œufs environ à chaque ponte. Sa prolifération massive a été relevée à partir de 2017.

Les solutions pour enrayer l'invasion

Y a-t-il une solution à ce problème ? Pas vraiment. Les différents spécialistes s'accordent à dire qu'il va falloir vivre avec cet hôte indésirable. Tout au plus sera-t-il possible d'enrayer sa multiplication. De nouveaux types de filets sont expérimentés, mais surtout, on envisage de promouvoir les excellentes qualités gustatives de ce crustacé, qui pourrait bien se retrouver sur les plateaux de fruits de mer. Cela permettrait, à défaut d'autre chose, de valoriser les nombreuses prises effectuées par les pêcheurs.

Pour en savoir plus, visionnez le passionnant reportage de France 24.

Par Estelle-Sara SoldnerPublié le 07/10/2022