La saison des imbéciles a lieu chaque été en Nouvelle-Zélande

Dans le sud de la Nouvelle-Zélande, chaque année, à la même période, la vie urbaine est bouleversée et les entrées par effraction se multiplient. Non pas que le pays doive soudainement faire face à une recrudescence de la criminalité, mais tout simplement parce que la saison des amours des lions de mer a commencé !
La saison des imbéciles a lieu chaque été en Nouvelle-ZélandePhoto : Daniel Steinke / Pixabay

Le lion de mer est un animal sympathique à bien des égards. Ce cousin de l'otarie aime passer son temps à se dorer au soleil et à brailler à qui mieux mieux dans une cacophonie, disons, attendrissante. À la saison des amours toutefois, les choses se compliquent : les mâles et les femelles jouent au chat et à la souris et partent à l'aventure, ce qui se traduit, en Nouvelle-Zélande, par une pagaille vaudevillesque.

Une migration pour la saison des amours

En Nouvelle-Zélande, la saison de reproduction des lions de mer a lieu durant l'été, le plus souvent entre mi-décembre et mi-janvier (les saisons sont inversées dans l'hémisphère sud). Les colonies de lions de mer migrent alors tous vers le sud du pays pour s'accoupler et les femelles gravides en profitent même pour mettre bas. L'ennui est que si d'ordinaire, les animaux se contentent de rester en bord de mer et passent leur temps à s'aboyer dessus, la surexcitation provoquée par les chaleurs, entre autres, tend à les rendre plus enclins à l'exploration. Et quand on sait que les lions de mer sont capables de s'aventurer très loin dans les terres, jusqu'à une centaine de kilomètres, on comprend sans peine pourquoi cela donne lieu à des scènes cocasses.

Aucun lieu n'est à l'abri et aussi bien les routes, les jardins et même les terrains de sport sont pris d'assaut, soit par des mâles de plus de 100 kilos littéralement en rut, soit par des femelles à la recherche d'un coin tranquille pour mettre au monde leurs petits. Même les jeunes, curieux de nature et dont c'est la première fois en ville, sont de la partie. Sans surprise, tout ce beau monde ne peut que semer la zizanie et l'animal, d'un naturel déjà pataud, accumule les gaffes au point que cette période a été baptisée « la saison des imbéciles » par les locaux.

lions de mer

Des intrusions, des amours déçus et des routes coupées

Certains animaux, par exemple, profitent des chatières pour investir le salon des habitants, prendre une pose royale sur le canapé et offrir une belle frayeur au chat des lieux qui ne s'attendait pas à une telle rencontre. Dans une propriété en bord de mer, c'est un beau mâle de 300 kg qui a déboulé dans un jardin, persuadé de répondre à l'appel d'une femelle après qu'un groupe d'ados s'est amusé à souffler dans une conque. Peut-être dépité de voir ses espoirs déçus, il se mit en devoir de chasser les jeunes et de saccager le jardin avant de s'y mettre à l'aise pour le reste de la journée.

Ailleurs, c'est carrément une portion de route, pourtant très fréquentée, qui a dû être fermée tout un mois. Une femelle lion de mer avait décidé de mettre bas dans un parcours de golf tout proche et pour rejoindre l'océan, la mère et son petit devaient traverser la fameuse route. Cela a forcé les autorités à y interdire toute circulation le temps que la petite famille se décide à migrer vers le nord. Une telle décision n'a rien de surprenant quand on sait qu'en Nouvelle-Zélande, le lion de mer est une espèce (sur)protégée, car en danger d'extinction.

La liste des incidents ne s'arrête évidemment pas là : bain de soleil en plein milieu de la route, incursion dans un hôpital, occupation d'un terrain de football, tous les ans, les villes côtières de Nouvelle-Zélande ont fort à faire avec cette invasion de lions de mer. Chaque année ainsi, les autorités locales conseillent aux Néo-Zélandais de ralentir en voiture, de ne promener leurs chiens qu'en laisse et de ne pas s'approcher à moins de 20 mètres des animaux. Mais surtout, il faut prendre son mal en patience : la saison des imbéciles ne devrait durer qu'un tout petit mois.

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 11/06/2024