Un virus contagieux et mortel menace le tilapia

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO) vient de tirer la sonnette d'alarme : un virus très contagieux est actuellement en train de se propager chez les tilapias, qu'ils soient sauvages ou d'élevages.

Baptisé TILV (Tilapia Lake Virus ou virus de lac du tilapia en français), ce virus n'est connu que depuis 2014, année où il a été décrit dans un article scientifique relatant sa découverte. On sait donc encore peu de choses sur cet agent pathogène extrêmement contagieux et mortel pour le poisson. L'animal infecté présente une peau rouge, une inflammation des organes et des dommages sévères au foie qui vont amener à la mort du tilapia dans 80 à 100% des cas.

Or, le tilapia est de loin le poisson le plus consommé dans le monde. Il séduit les éleveurs par sa croissance accélérée, son régime omnivore, sa multiplication rapide et sa grande résistance aux maladies. Le parfait candidat pour un élevage intensif (jusqu'à être surnommé le poulet aquatique) permettant de réduire grandement les prix sur les étals : avec 6 à 8 euros le kilo, le tilapia fait également de l'œil au consommateur. Totalement low cost donc, il est aussi devenu la principale source de protéines de nombreuses populations aux revenus faibles de plusieurs pays en développement. La FAO a estimé la valeur de la filière à 1,8 milliard de dollars en 2015 pour une production annuelle qui était alors de 9,8 milliards de tonnes.

Afin de limiter au maximum l'impact du virus, la FAO enjoint donc les pays importateurs de tilapia à redoubler de vigilance : durcissement des contrôles, rigueur dans la délivrance des certificats de santé, intensification des tests et plans de gestion de risque avec quarantaine et plans d'urgence. Elle conseille également aux pays exportateurs d'agir en amont afin de se prémunir du virus, à l'instar de l'Indonésie, de la Chine, de l'Inde ou encore d'Israël qui est aujourd'hui touché. En mai 2017, l'épidémie était également confirmée en Thaïlande, en Équateur, en Colombie et en Égypte, ces deux derniers faisant partie, avec l'Israël, des plus grands producteurs mondiaux de tilapia. Heureusement, le TIVL ne se transmet pas à l'Homme, mais son potentiel destructeur n'est pas à négliger tant les enjeux socio-économiques sont élevés pour les éleveurs.

Précisons pour finir qu'aucun remède n'est pour l'heure disponible contre le virus. Malgré tout, une société privée planche actuellement sur un vaccin.

Par Andriatiana Rakotomanga