Le CNRS inaugure un laboratoire sous-marin dans la Méditerranée

Le CNRS inaugure un laboratoire sous-marin dans la MéditerranéePhoto : COMEX, CNRS / PHOTOTHEQUE IN2P3

Installé tout au fond de la mer Méditerranée depuis février 2023, un petit bijou de technologie aide discrètement les scientifiques à percer les mystères de cette mer et ceux des océans. Il s'agit du Laboratoire Sous-marin Provence Méditerranée (LSPM), une plateforme de recherche permanente conçue par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et ses partenaires techniques.

Né d'un conglomérat multidisciplinaire et aux compétences tout aussi multiples (CNRS, Ifremer, Université d'Aix-Marseille, ou encore l'Institut Méditerranéen d'Océanologie pour ne citer qu'eux), le LSPM est un peu le couteau suisse de la recherche environnementale. Concrètement, il s'agit d'une base sous-marine permanente implantée à 2 450 mètres sous la Méditerranée, dans le golfe du Lion. Connecté à deux salles de contrôles (une principale à La Seyne-sur-Mer et une secondaire avec showroom à Marseille) ainsi qu'à plusieurs autres centres de stockage et de pilotage, il collecte sans discontinuer un large panel d'informations qui serviront tant dans le domaine de l'océanologie que dans celui de l'écologie, et même de la géologie.

Les capteurs du LSPM sont capables de renseigner sur la chimie des eaux profondes (oxygénation, acidification de l'eau, etc.), de fournir des données sur les activités sismiques qui s'y déroulent, ou encore sur la radioactivité ambiante. Ils permettent également aux scientifiques d'effectuer des observations d'espèces comme, par exemple, le suivi des populations de cétacés.

Mais ce qui fait du LSPM un outil vraiment remarquable, c'est le détecteur de neutrinos qu'il embarque : un instrument baptisé KM3NeT (Cubic Kilometre Neutrino Telescope), né de la coopération de 250 scientifiques originaires de 17 pays différents. L'appareil devrait alors tirer profit de l'obscurité régnant dans les abysses pour mieux détecter ces particules élémentaires de notre univers, notoirement connus pour traverser la matière sans pour autant altérer un seul atome.

Les données récoltées par le LSPM sont consultables 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 en temps réel. Une prouesse rendue possible grâce à une infrastructure solide et redondante à base de nœuds de connexion en titane gérés par des systèmes intelligents. Et pour relier le tout aux salles de contrôles, le CNRS a déployé un câble électro-optique de 42 km de long jusqu'à la terre ferme !

Le LSPM est le deuxième outil immergé exploité par le CNRS dans la Méditerranée. En février 2022, l'organisme avait déjà lancé Bathybot, un robot sous-marin qui va passer deux ans au fond de la Grande Bleue avant de remonter. Des outils différents, mais un seul et même but : mieux comprendre le monde sous-marin pour, plus tard, mieux le protéger.

Par Andriatiana Rakotomanga