La grosse bourde d'une ville espagnole pour désinfecter sa plage
Les plages d'Espagne, vides depuis plusieurs semaines du fait des restrictions imposées par le coronavirus, auraient pu servir de terre d'accueil à de nombreux œufs d'oiseaux migrateurs qui profitent de l'absence des hommes pour reprendre leur quartier sur les littoraux. Si certaines plages bénéficieront certainement de ce spectacle, ce ne sera pas le cas de celle de Zahara de los Atunes, dans le sud du pays.
Les autorités de cette petite station balnéaire proche de Cadix, certainement remplies de bonnes volontés, ont décidé de désinfecter leur plage… à la javel. À l'aide de tracteurs équipés de pulvérisateurs, plusieurs litres d'eau de javel ont été vaporisés tout le long de la plage, afin que le sable soit prêt à accueillir les vacanciers espagnols à l'heure du déconfinement. Une idée qui a fait bondir les activistes écologistes du pays, qui parle de décision totalement absurde.
María Dolores Iglesias Benítez s'occupe d'une association locale qui travaille à la préservation de la zone et elle se désole de cette initiative, qui va tuer l'écosystème. Comme elle l'explique dans une interview au Guardian, la plage et ses laisses de mer forment des systèmes vivants, que la javel réduit à néant immédiatement. Elle espérait voir cette année le double de nids d'espèces migratrices, en raison de l'interdiction des plages, mais ses craintes concernant l'écrasement des œufs par les tracteurs pourraient hélas se confirmer rapidement.
L'association qu'elle gère a porté plainte, ce qui a attiré l'attention de plusieurs groupes écologistes sur la situation du village. Greenpeace Espagne déplore une décision "digne de Donald Trump", et un responsable politique de la région andalouse a confirmé qu'une enquête allait permettre de mettre en lumière les raisons qui ont mené au nettoyage d'une plage à l'eau de javel. Du côté des fautifs, l'un des membres du Conseil municipal de Zahara de los Atunes reconnaît une erreur, mais justifie l'action de la municipalité par une volonté forte de protéger les enfants.
Ce désastre écologique, bien que motivé par des intentions louables, prouve qu'il y a encore beaucoup d'ignorance en matière de protection de l'environnement et confirme qu'une fois de plus, ce sont bien les comportements humains qui font le plus de dégâts aux océans et aux plages.