Les comportements humains nocifs pour les océans

Les océans subissent de multiples formes de pollution. Celles-ci proviennent généralement de la terre ferme sous forme de rivières charriant des déchets flottants ou d'eaux usées mal filtrées. Mais on trouve également des pollutions chimiques d'origines diverses ou encore des "dégazages" de navires. Cependant, la mer ne se laisse pas faire et nous rend parfois les substances indésirables que nous y rejetons.
Les comportements humains nocifs pour les océans

On sait que nos mers sont souillées par des substances radioactives, déposées par l'Homme. Mais la mer est également polluée de manière indirecte par d'autres activités humaines via les rivières et les eaux usées, sous forme chimique ou bactériologique.

Le rejet des eaux usées

Un des principaux vecteurs de pollution des eaux est l'assainissement. Les eaux usées des agglomérations finissent dans les fleuves et rivières puis, incidemment, dans la mer. Dans les pays développés, ces agglomérations sont équipées de stations d'épuration qui filtrent avec plus ou moins de bonheur les polluants et plastiques flottants. Cependant, dans les pays pauvres, ce sont des bains de culture immondes qui se déversent dans les océans.

La conséquence est non seulement de nature environnementale, mais également sanitaire. Ces eaux usées charrient en effet nombre de déchets putrescibles, de produits chimiques divers et de matière fécales avec leurs microbes qui souillent et rendent impropres à la baignade tout un secteur du littoral.

Mais même dans les pays où le traitement des eaux usées est assuré, le plastique est là. Non plus comme déchets flottants, mais sous la forme de micro-plastiques. Ces particules de plastique de taille inférieure à 5 mm proviennent soit de la désagrégation d'éléments de plastique de plus grande taille, soit d'éléments de plastique ayant une petite taille dès leur fabrication, comme les paillettes et micro-billes des cosmétiques, on encore des microfibres synthétiques.

Un exemple édifiant : la Méditerranée. La pollution due aux eaux usées est un véritable problème pour cette mer. En l'espace de 30 ans, la population riveraine a augmenté de 50%, notamment dans les pays bordant la rive sud. Ces derniers n'ont pas toujours de système d'assainissement efficace, et quand ils existent, ceux-ci sont saturés ou ne couvrent pas tous les nouveaux quartiers qui se sont développés en marge des villes. De fait, la Méditerranée est une mer quasi fermée, connectée à l'océan global par le seul détroit de Gibraltar. Le temps de renouvellement total de son eau est estimé à 1 siècle. Pour cette raison, elle est considérée comme la mer la plus polluée du monde.

Les déchets chimiques

La pollution chimique des océans a plusieurs sources : les industries côtières, mais aussi les industries situées sur la terre ferme ainsi que les usages domestiques ou encore les accidents liés au transport maritime de produits chimiques.

La pollution chimique d'origine industrielle la plus connue est les boues rouges. Celles-ci sont un résidus de la production d'alumine et d'aluminium. Le minerai duquel on extrait ces matériaux, la bauxite, possède naturellement une couleur rouge due aux oxydes de fer qu'elle contient. Elle est soumise à un traitement nécessitant de nombreux produits chimiques, et a pour sous-produits les fameuses boues rouges. Il s'agit d'un liquide comportant, outre les oxydes de fer contenus initialement dans la bauxite, nombre de polluants métalliques comme le plomb, le cadmium, le zinc, l'arsenic... Une très importante pollution aux boues rouges dans le parc des Calanques avait défrayé la chronique en 2016.

Mais les pollutions chimiques les plus importantes viennent de l'intérieur des terres, via les rivières. Par des rejets sauvages, mais aussi par des rejets traités et filtrés, notamment dans les stations d'épuration qui ne sont pas toujours à même de retenir tous les produits chimiques charriés par les eaux usées. On y trouve toutes sortes de produits qui entrent dans la composition de certains matériaux, comme les phtalates, les hydrocarbures, mais aussi des médicaments ! Tout cela se retrouve donc dans la mer, où la dilution fait son œuvre. Les concentrations sont finalement assez faibles. Mais en l'occurrence, ce n'est pas tant la concentration qui importe que « l'effet cocktail », autrement dit l'action conjuguée sur l'organisme de nombreuses substances différentes en petite quantité.



Restent les pollutions accidentelles liées au transport maritime. Les causes et les conséquences sont très variées. Des navires peuvent être endommagés, par exemple suite à des collisions (comme l'exemple d'octobre 2018 à proximité de la Corse), à un défaut d'entretien, à une météo extrême, ou encore à des erreurs de manipulation. Si on élargit le champ d'observation à tout le 20è siècle, on peut y ajouter les faits de guerre. Parfois, le résultat est immédiat. D'autres fois, c'est une pollution lente ou à retardement. C'est le cas des épaves qui, après des années de corrosion, libèrent leurs cargaisons de mazout, de produits chimiques, ou même de substances radioactives comme le sous-marin Komsomolets. Parfois aussi, ces substances entrent en réaction au contact de l'eau. Cela peut se traduire par une explosion, mais également par la transformation en produits polluants ou toxiques de substances qui ne le sont pas au départ.

Une étude a été menée sur 196 accidents ayant eu lieu entre 1917 et 2010 et il s'avère que les principales substances déversées sont le minerai de fer, la potasse et les phosphates pour les matières solides, et l'acide sulfurique, les huiles végétales et la soude caustique pour les substances liquides.

Les dégazages des navires

Qu'est-ce qu'un dégazage ? Stricto-sensu, il s'agit d'évacuer les gaz dangereux qui s'accumulent dans les citernes des pétroliers, du moins avant l'utilisation de gaz inerte. Mais dans le langage courant, le "dégazage" désigne improprement un déballastage ou plus largement toute évacuation sauvage d'hydrocarbures en mer. Ces rejets ont principalement deux origines.

> Le déballastage
Les ballasts sont des sortes de citernes qu'il est possible de remplir et de vider d'eau de mer, et ce afin d'équilibrer le navire. Mais dans les anciens pétrolier, dépourvus de ballasts, l'équilibrage se fait en injectant l'eau de mer dans des citernes vides. En théorie, il faut préalablement nettoyer les citernes concernées, stocker les résidus à bord et les décharger à l'arrivée. Certains armateurs indélicats trouvent qu'il est plus simple (et surtout moins cher) de rejeter les résidus dans la mer plutôt qu'au port où l'opération est facturée.

> Le filtrage du combustible
Le combustible utilisé à bord des navires est un fuel très lourd et il est, pour partie, composé d'hydrocarbures usagés (huile de vidange auto et autres). Ce carburant n'est pas utilisé tel quel dans les moteurs, et doit être filtré. L'opération se fait à bord, et les résidus d'hydrocarbures doivent être stockés et éliminés au port d'arrivée. Ici également, comme il revient moins cher de se débarrasser de ces polluants en pleine mer plutôt qu'à terre, certains ne se gênent pas.

La quantité de résidus à décharger à l'issue de la traversée peut être estimé par des spécialistes en fonction de certains paramètres (caractéristiques du carburant, type de moteur...). Il est donc possible de retrouver ceux qui se rendent coupables de pollution mais il semble que le nécessaire ne soit pas fait en la matière dans tous les pays. En France, les contrevenants sont de plus en plus traqués et il existe même un satellite qui observe continuellement le rail d'Ouessant pour détecter les contrevenants.

Retour à l'envoyeur ?

Les pollutions marines sont, pour la plupart, d'origine terrestre et rejetées sciemment ou par négligence à la mer. Mais la mer, bien rancunière, peut parfois nous rendre les déchets que nous lui envoyons. Les formes les plus évidentes sont bien entendu l'échouage sur les plages de déchets flottants, notamment en plastique, et les marées noires. Mais d'autres canaux, plus insidieux, existent.



Tout d'abord via la faune. Il y a une interaction certaine entre la faune marine et la terre. Soit via la pêche, par laquelle nous consommons des animaux ayant ingéré des plastiques ou d'autres substances toxiques (notamment des métaux lourds et des PCB). Soit par le biais de processus tout à fait naturels comme la migration des saumons dans les fleuves, ou les incessants allers-retours d'animaux marins entre la mer et la terre. Les substances polluantes qui se concentrent parfois dans leur corps sont rendues à la terre lors de la décomposition des animaux morts, ou tout simplement dans les fientes.

Un autre vecteur est les embruns marins. Ceux-ci sont la pellicule de surface de la mer emportée et transportée par les vents, parfois très loin du littoral. Dans les zones à forte présence humaine et/ou forte densité de trafic maritime, ils transportent non seulement l'eau et les minéraux naturellement présents dans la mer, mais aussi des polluants. D'origines diverses et variées, leur mélange présente des propriétés plus graves que celles des substances prises indépendamment l'une de l'autre. Notamment, certains embruns sont devenus phytotoxiques, ce qui pose problème pour les régions côtières soumises très fréquemment aux embruns.

Par Charles LorrainMis à jour le 09/11/2018