Plastique en mer : un nettoyage possible
90% des déchets se retrouvant dans les océans sont composés de plastique. La majeure partie de ce plastique tourne sans fin dans les gyres océaniques du Pacifique Nord (assez grand pour être appelé le 7ème continent) et de l'Atlantique Nord. On en trouve même piégé dans la banquise de l'Arctique !
Quelques chiffres sur le plastique dans les océans
Le plastique peut être trouvé dans toutes les mers du monde et à toutes les profondeurs : 30% du plastique flotte en surface et 70% coule au fond des océans.
C'est un composé qui prend son temps pour disparaître : entre 100 et 1 000 ans ! Il se décompose doucement, sous l'effet de l'érosion et des rayons ultra-violets du Soleil, en se dégradant en de petites particules de 5 mm environ. Rien qu'en mer Méditerranée, on estime à 280 milliards le nombre de microparticules de plastique qui y flottent.
La gyre du Pacifique Nord abrite le plus grand vortex de plastique au monde avec une superficie estimée à 3 fois celle de la France pour un poids de 7 millions de tonnes environ.
Chaque année, on estime que plus de 100.000 animaux marins (baleines, tortues) meurent en s'étouffant avec des sacs plastiques après les avoir ingérés.
Le plastique a également comme propriété de concentrer les polluants. Les particules de plastique polluées sont ainsi ingérées par les poissons qui les prennent pour du plancton, puis remontent toute la chaîne alimentaire jusque dans notre assiette !
Un nettoyage possible ?
En 2012, du haut de ses 17 ans, Boyan Slat a suscité un vibrant tumulte dans le monde de l'océanographie en lâchant une petite bombe : oui, il est possible de nettoyer les océans de son plastique.
Son projet ? Poster un barrage flottant en V d'une centaine de kilomètres d'envergure à un endroit stratégique d'une gyre pour récolter automatiquement le plastique flottant. La force des courants devrait alors être suffisante pour faire s'accumuler le plastique au centre du V où un dispositif alimenté par énergie solaire séparera le plastique du plancton (par centrifugation) pour ensuite le stocker dans un container.
Le barrage, fermement fixé sur le fond océanique, sera entouré par une barrière flottante s'étendant quelques mètres sous la surface (afin de stopper les déchets qui tenteraient de passer par-dessous le mécanisme).
Des études de faisabilité
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le projet de Boyan Slat a rencontré un engouement sans précédent. Il a su attirer un important capital sympathie sur lui et son projet, autant du grand public que de personnalités et d'associations océanographiques reconnues. Au mois de septembre 2014, il a ainsi pu récolter plus de 2 millions de dollar par le biais d'une campagne de financement participatif. Cette somme a déjà servi à lancer une phase pilote qui a donné des résultats positifs. Il a aussi pu avancer un chiffre : les océans peuvent être nettoyés de leur plastique en 5 ans !
Boyan a tout de même dû faire face à quelques remarques de ses aînés, qualifiant son idée d'irréaliste. Aux critiques de pointer du doigt le projet d'une plate-forme autonome de plusieurs kilomètres d'envergure, ne nécessitant d'être visitée qu'une fois par semestre pour vider son container. De la science-fiction, disent certains, alors qu'on sait qu'une plate-forme pétrolière peine à rester à flot sans entretien régulier. Autre souci : comment fixer la plate-forme sur un fond qui peut atteindre les 4 km de profondeur ?
L'efficacité de l'installation est aussi au centre des interrogations. Si le système marche pour les gros plastiques, il n'en est rien pour les microparticules qui, comme on l'a vu, constitue la majeure partie de la pollution plastique dans les gyres. Boyan Slat le reconnaît lui-même, un de ses barrages ne serait capable de récupérer "que" 140 tonnes de plastique chaque année, une goutte d'eau comparée aux 25 à 30 millions de tonnes qui se retrouvent dans les océans tous les ans.