North Sentinel, l’île interdite
A l’Est de l’Inde, en plein golfe du Bengale, se trouve l’archipel des îles Adaman-et-Nicobar. Parmi ces îles, North Sentinel semble avoir tout du piège à touriste : superbe plage, climat tropical, eaux turquoise, tout y est, sauf que s’y risquer revient aussi à mettre sa peau en danger. Elle a même été surnommée "l'île d'où l'on ne revient jamais", mais pas pour les raisons que vous imaginez : les farouches habitants de cette île rejettent catégoriquement tout contact avec l’extérieur.
Un peuple pré-néolithique
North Sentinel est habitée par une tribu affectueusement (et à juste titre) nommée les Sentinelles. On pense que ces habitants seraient arrivés sur l’île il y a 60.000 ans et ont depuis vécu en totale autarcie.
Ces insulaires vivent dans de longues huttes communautaires et se nourrissent de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Ils savent fabriquer des armes rudimentaires (arcs, flèches et lances) et savent aussi se construire des pirogues à balancier pour parcourir les environs immédiats de leur île. Leur mode de vie, que les scientifiques considèrent comme pré-néolithique, ne semble pas avoir évolué depuis plusieurs millénaires.
Le dernier « recensement » datant de 2001 fait état de 39 individus, bien que les estimations poussent à penser qu’ils sont entre 50 et 200 à vivre sur cette île de 72 km². Il s’agit du plus petit peuple isolé du monde.
Accès interdit à toute personne étrangère à la plage
Les Sentinelles sont un peuple farouche, défendant hargneusement leur territoire. La vraie raison de cette défiance est inconnue mais l’on pense que cela est dû à un fait vieux de plus d’un siècle : en 1880, des britanniques se rendent sur l’île et embarquent une famille indigène. Le couple, déjà âgé, tombe rapidement malade et décède. Leurs enfants sont ramenés sur l’île et infectent probablement toute la tribu avec une maladie occidentale contre laquelle personne n’était immunisée.
Depuis, toute tentative d’approche amicale est un échec. Tout étranger est rudement accueilli par une volée de flèches et de lances. A l’instar du réalisateur de la National Geographic qui a dû renoncer à filmer les indigènes quand une flèche lui transperça la cuisse.
Une tribu menacée ?
Avec une alimentation tributaire de la pêche, les Sentinelles sont menacées par le braconnage intense que subit tout l’archipel, les braconniers n’hésitant pas à piller les ressources halieutiques de l’île, malgré l’interdiction du gouvernement indien de s’en approcher à moins de 5 km. Ces chasseurs sont aussi porteurs de germes inoffensifs pour nous (rougeole, variole, etc.) mais potentiellement mortels pour les Sentinelles qui ne sont pas immunisées.
Il faut dire cependant que les braconniers agissent à leurs risques et périls, comme en 2006 où deux d’entre eux furent pris et exécutés par les féroces Sentinelles.
Espérons seulement que l’on laissera ce peuple en paix car il serait malheureux qu’il disparaisse à cause d’autres représentants de son espèce alors même que le tsunami ravageur de 2004 n’a pas eu raison de lui !
Ce serait malheureux...
par Jean Le Ricain, le 11/07/2016
... Qu'un peuple aussi amical disparaisse, bien sûr! Accueillis à coups de flèches et de lances, ce doit être leur langage. Je vais y aller là-bas, avec une kalachnikov et un lance-flamme, on verra s'ils vont jouer les guerriers farouches, ces cloportes de l'âge de pierre!