Le Conus, le plus dangereux des coquillages

Avec les jolis motifs ornant sa coquille, différentes pour chaque espèce, le Conus est un souvenir apprécié des vacanciers. Pourtant, même s'il est tentant de les ramasser en mer, ce type de coquillage peut être très dangereux pour l'homme, voire mortel.

Avez-vous déjà vu dans l'eau un de ces jolis coquillages en forme de cône et aux couleurs chatoyantes ? Si oui, il vous est peut-être alors venu à l'idée de les ramasser pour les rapporter chez vous. Mais attention, ces petits coquillages en apparence inoffensifs sont peut-être des Conus et peuvent renfermer un venin des plus dangereux.

Dans la famille Conus

Le Conus, de la famille des Conidae, est un genre de coquillage carnivore que l'on rencontre dans toutes les mers du globe et regroupant près de 700 espèces différentes. C'est un mollusque gastéropode dont la taille varie généralement de 1 à 20 cm, mais qui peut atteindre les 30 cm pour certaines espèces d'Afrique Occidentale.

Le Conus, comme son nom l'indique, est le plus souvent de forme conique ou cylindrique et est divisé en 3 catégories selon le régime alimentaire qu'il adopte :


  • les Conus vermivores, qui se nourrissent de vers et qui représentent environ 65 % de la population totale existante ;

  • les Conus malacophages, qui se nourrissent principalement d'autres mollusques (16 %) ;

  • les Conus piscivores qui, eux, consomment des petits poissons (18 %).

Et c'est dans cette dernière catégorie que l'on retrouve les espèces les plus dangereuses comme le Conus alicius, le Conus magnificus ou le Conus geographus dont le venin peut être mortel pour l'homme.

Le Conus geographus, un coquillage tueur

On trouve le Conus geographus (ou littéralement cône géographe) dans l'océan Indien et dans l'ouest de l'océan Pacifique. Sa coquille est de couleur marron parsemée de taches blanches et il atteint généralement les 16 cm.

Le Conus geographus étant piscivore, ses proies peuvent atteindre une certaine taille. Pour chasser, le coquillage dispose donc d'une arme redoutable : un dard contenant un venin foudroyant qui paralyse sa victime et la tue en quelques instants. Ce venin est tellement puissant que pour les proies les plus petites, le mollusque n'a même pas besoin de piquer : il lui suffit de projeter la substance dans l'eau, suffisamment proche de sa proie, pour la plonger dans un état sédation. Il ne lui reste alors plus qu'à la capturer le plus facilement du monde.

Chez l'homme, dans environ 25 % des cas, une piqûre du Conus geographus entraînera le décès de la victime, parfois en moins de deux heures. Cet effet foudroyant s'explique par la composition du venin, appelé conotoxine, libéré par le mollusque : c'est un cocktail de plus d'une cinquantaine de toxines différentes, dont une neurotoxine qui provoque une paralysie des muscles, y compris les muscles respiratoires. Pour ne rien arranger, en raison de la complexité de sa composition, il n'existe pour l'instant aucun antidote efficace contre ce venin.

Une utilisation thérapeutique

Le Conus est cependant utile à l'Homme. De la même manière que l'on peut utiliser le venin de serpent en tant qu'anti-venin, il existe également une utilisation thérapeutique pour les substances contenues dans la conotoxine.

Ainsi, à partir d'une des toxines présentes dans le venin du Conus appelé "ω-conotoxine MVIIA", la recherche a pu synthétiser un médicament appelé Prialt. Il s'agit d'un puissant analgésique qui permet le traitement des douleurs chroniques intenses et qui aurait une efficacité 1 000 fois supérieure à celle de la morphine.

Par Andriatiana RakotomangaMis à jour le 22/09/2022