Le cœlacanthe, un poisson fossile ?

Le cœlacanthe est un poisson à part. Longtemps considéré comme disparu, ce poisson n'a eu de cesse de secouer le vaste monde des biologistes en apparaissant toujours là où on l'attendait le moins. Le cœlacanthe peut-il donc réellement être qualifié de "poisson fossile vivant" ?

Le nom du cœlacanthe est dérivé du grec signifiant "épine dorsale creuse", en référence à ses cartilages dorsaux creux. On l'appelle aussi "gombessa" ou encore "dinosaure de la mer", surnom qui lui sied à merveille puisque cette créature est supposément éteinte depuis le Crétacé !

Gros plan sur un poisson atypique

Le cœlacanthe est un gros poisson, mesurant entre 1m50 et 2m pour un poids de 25 à 80 kg. Il possède de grosses écailles à deux couches hérissées de pointes très rugueuses. Les pêcheurs de l'Archipel des Comores, où l'on trouve la plus grande concentration de cœlacanthes (300 individus environ), les utilisaient d'ailleurs pour décaper leurs chambres à air crevées avant la pose de rustines.

Sa couleur grise, bleue sombre ou parfois brune couvrent irrégulièrement son corps. Il possède des nageoires charnues renforcées par des os (et non des arêtes), et une poche aux parois denses laissant penser à un poumon vestigial.

Il existe deux espèces de cœlacanthe : le "Latimeria chalumnae" découvert en 1938 dans les eaux sud-africaines, et le "Latimeria menadoensis", découvert en 1997 en Indonésie, aux environs des côtes de l'île Sulawesi. Ce poisson peut vivre une cinquantaine d'années.

Un poisson des profondeurs

Chassant la nuit, le cœlacanthe décèle ses proies par électro-réception : il détecte les faibles impulsions électriques qu'elles émettent. Il possède un joint intracrânien qui lui permet, comme les grenouilles, d'ouvrir en même temps ses deux mâchoires. Il peut ainsi facilement engloutir ses proies comme des calmars, crevettes, seiches, petits requins et autres poissons.

Il vit dans des grottes sous-marines formées par la lave, entre 160 et 220m ou même 700 et 1000m de profondeur. De nuit, il est également possible d'en trouver plusieurs à une cinquantaine de mètres de profondeur lors de leurs mystérieux rassemblements nocturnes.

Les cœlacanthes pondent 4 à 5 œufs qui éclosent dans la femelle et ne sortent qu'après une gestation de 3 ans !

Un fossile vivant ?

Longtemps cru éteint, le cœlacanthe est réapparu en 1938, bouleversant un ordre préétabli de connaissances scientifiques. Surtout que le poisson ressemble beaucoup à son ancêtre, le "Macropoma", un poisson vieux de 70 millions d'années dont on connaît le fossile. On a supposé alors que l'espèce n'avait guère évolué en plusieurs millions d'années.

En réalité, et ce malgré certaines ressemblances avérées, dire que ce poisson est un fossile vivant serait un raccourci facile. L'évolution ne peut être vue comme un cheminement linéaire, comme une récompense qui tombe à temps régulier. Une anatomie inchangée depuis 70 millions d'années signifie seulement qu'il s'est bien adapté à son environnement et qu'aucun facteur extérieur n'a justifié une évolution. D'ailleurs, les mutations génétiques survenant en un si long laps de temps sont assez conséquentes pour affirmer que l'on a sans doute affaire à deux espèces différentes.

Cela étant, le cœlacanthe reste un poisson digne d'intérêt, que les scientifiques considèrent comme le chaînon manquant entre le poisson et les vertébrés à pattes (tritons, grenouilles, etc.). Gageons qu'il nous réserve encore pas mal de surprises à l'avenir.

Par Andriatiana RakotomangaMis à jour le 19/07/2018