L'exocet, le poisson qui a réussi à voler

Certains oiseaux ont appris à nager, l'exocet, lui, a appris à voler. Ce poisson argenté est d'ailleurs le seul poisson à avoir conquis, le temps d'un glorieux envol, le monde aérien.
L'exocet, le poisson qui a réussi à voler

Commençons par une petite précision : en réalité, le nom "exocet" ne désigne pas une espèce de poissons précise, mais plutôt une famille qui en compte 70. Le nom scientifique de cette famille est Exocoetidae. Ce sont des poissons tropicaux très répandus qui aiment les eaux chaudes, mais qui préfèrent toutefois le grand large aux côtes. Le plus commun des exocets est l'Exocoetus volitans, communément appelé "poisson volant" du fait de sa capacité à sortir de l'eau pour voler au ras des vagues.

Un poisson taillé pour voler

Un exocet mesure en moyenne 20 cm, parfois 35 ou même, dans de rares cas 40 cm. C'est un poisson effilé comme une torpille et doté d'un petit bec dur qui lui sert à écraser les petits crustacés qui font parfois sa diète. Son alimentation quotidienne, néanmoins, est faite de plancton.

La couleur bleue argentée du poisson volant est un camouflage qui l'aide à tromper les yeux de ses prédateurs. Ce n'est évidemment pas sa seule défense puisque l'exocet possède également une queue puissante et rapide qui peut le propulser à 60 km/h sous l'eau. Une vitesse respectable qui illustre bien sa stratégie pour éviter de finir prématurément dans un estomac : prendre ses nageoires à son cou. Il y arrive d'ailleurs tellement bien qu'il a fini par s'envoler grâce à ses ailes, en réalité des nageoires pectorales tellement larges qu'elles font ressembler certains poissons volants à des hirondelles.

La technique de vol du poisson volant

Pour prendre son envol, le poisson volant commence par accélérer sous l'eau jusqu'à atteindre une vitesse élevée, ses nageoires pectorales encore repliées le long de son corps fuselé. Il pointe ensuite son nez vers la surface et, en continuant à battre de la queue, bondit hors de l'eau (jusqu'à 1,2 mètre de haut). Une fois en l'air, l'exocet déploie ses nageoires pectorales pour commencer son vol. Certaines espèces possèdent également de grandes nageoires ventrales qu'elles déplient une fois en l'air. Cela leur vaut d'être surnommées "four-winged fish" par nos amis anglophones, autrement dit, "poisson à 4 ailes".

L'exocet ne bat pas des nageoires pour se maintenir hors de l'eau. A la place, il se contente de les orienter de manière à capter la résistance de l'air et peut ainsi parcourir entre 20 et 200 mètres sans replonger. Pour cette raison, beaucoup préfèrent dire qu'il plane au lieu de voler. Ce poisson est toutefois capable de couvrir de bien plus longues distances, en se servant de sa nageoire caudale dont la partie inférieure est plus longue et plus large que la partie supérieure. Alors qu'il approche de la surface, il peut la plonger dans l'eau pour ensuite frétiller énergiquement de la queue afin de ré-accélérer et continuer à planer. On a ainsi vu des poissons volants parcourir 400 mètres, mi-planant, mi-se-dandinant sur les vagues.

Une technique qui intéresse les ingénieurs

Si la technique de vol de l'exocet lui est particulièrement utile pour échapper aux gros poissons rapides qui composent l'essentiel de ses prédateurs (thons, espadons ou encore marlins), elle intéresse également les spécialistes navals qui y voient un moyen d'améliorer le vol sur l'eau.

Que ce soit un catamaran ou un bateau de luxe, un bateau qui vole sur l'eau est en grande partie libéré des contraintes exercées par cette dernière, notamment la résistance. En résulte une utilisation plus efficace de l'énergie (diminution de la consommation en carburant et utilisation plus efficace du vent) ainsi qu'une augmentation de la vitesse de pointe. Or, deux ingénieurs coréens, Haecheon Choi et Hyungmin Park, ont démontré que toute la physiologie du poisson volant (nageoires pectorales et ventrales, forme allongée, etc.) est ainsi faite qu'elle lui permet d'optimiser ses performances de vol plané, faisant de l'exocet un meilleur planeur que certains oiseaux. Son étude pourrait ainsi permettre une avancée majeure qui permettrait aux trimarans de s'envoler toujours plus haut.

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 18/02/2021