Comment vaincre (enfin) le mal de mer
Le mal de mer, la naupathie de son nom savant, est un mal des transports causé par le décalage des informations apportées par nos sens à notre système nerveux central. En cause notamment les informations conflictuelles que lui envoient nos yeux et notre système vestibulaire - le capteur de l'équilibre situé dans l'oreille interne - qui est malmené par le balancement du bateau sur l'eau.
Résultat, alors que l'embarcation est ballotée par les flots, on se retrouve avec des nausées, un mal de tête, voire des vertiges et des sueurs froides. En sachant cela, on se rend compte que pour combattre (et vaincre) le mal de mer, il faut commencer par le prévenir. Première étape donc, éviter le plus possible les éléments déclencheurs.
La règle des F
Le meilleur moyen d'éviter le mal de mer si vous y êtes sujet, à part peut-être d'éviter de monter sur un bateau, est de vous plier à la fameuse règle des 4F, parfois déclinée en 5F. Ce sont autant de choses à éviter si vous voulez réussir votre sortie en mer :
- Le Froid : au large, il y a du vent et aidé par les embruns, il refroidit très vite. Comme le froid favorise le mal de mer, mieux vaut donc bien se couvrir lorsqu'on navigue.
- La Faim : si ventre affamé n'a pas d'oreilles, il est plus sujet au mal de mer aussi. Veillez ainsi à être calé avant d'appareiller, mais attention, pas avec n'importe quoi. Évitez tout ce qui est lourd et gras, et préférez les sucres lents. Une fois en mer, il faudra également anticiper la faim et manger bien avant de la ressentir.
- La Frousse : ne stressez pas à l'idée du voyage et ne vous crispez pas une fois à bord. Même si vous vous sentez mal, parlez avec vos compagnons et détendez-vous au maximum.
- La Fatigue : être fatigué sur un bateau n'est pas la chose à faire si l'on veut éviter la naupathie. Cela signifie embarquer en étant reposé comme il faut, mais aussi se reposer avant que la fatigue ne s'installe. Et pour ce faire, préférez vous étendre au plus près du centre de gravité du bateau.
- La soiF : cinquième F, la soif provoque également le mal de mer. Pas de secret ici, boire suffisamment (1,5 l d'eau/jour, voire un peu plus) et évacuer tout aussi souvent.
Bannir l'histamine de son alimentation
On l'a vu, il faut éviter de manger des plats gras et lourds quand on va prendre un bateau et même une fois en mer. En complément, il faudra aussi proscrire de son assiette tous les aliments riches en histamine. La raison ? L'histamine est la principale molécule qui active nos réponses immunitaires quand on fait une allergie. A ce titre, elle provoque toute une liste de réactions : augmentation du rythme cardiaque, contraction des vaisseaux sanguins, démangeaison, etc.
L'histamine a également accès à notre centre du vomissement qui est alors naturellement sollicité par sa simple présence dans notre corps. En d'autres termes, plus on a de l'histamine dans le corps, plus on aura de chance de se sentir mal et de vomir.
Sachant cela, comme certains aliments en contiennent et que d'autres en stimulent la production, mieux vaut les éviter. Cela inclus les fromages fermentés (type brie, roquefort, gruyère ou encore camembert) ; tout ce qui est poissons marinés, conserves de poissons et gibier faisandé ; tout ce qui est plats et boissons fermentées (choucroute, pickles, mais aussi bières et certains vins) ; et enfin certains légumes (épinards, tomates ou encore choux).
Quelques astuces pour calmer le mal de mer
Dès qu'un léger inconfort se manifeste, ou même avant, en guise de prévention, voici une petite liste d'astuces qui se révèleront salvatrices :
- Se mettre dans le sens de la navigation : comme en voiture ou en train, faire face au sens de la marche réduit l'inconfort sur un bateau.
- Fixer un point à l'horizon : fuyez les espaces clos et préférez le pont où, de toute façon, vous aurez une meilleure vue et profiterez du grand air. Concentrez-vous alors sur un point fixe à l'horizon afin d'envoyer des signaux d'horizontalité à votre système nerveux central.
- Aller au centre du bateau : c'est l'endroit le plus stable quand on est sur l'eau.
- Anticiper les roulis en y associant des gestes conscients : agir ainsi permet à notre corps d'associer le tangage avec des actions volontaires. Il acceptera ainsi plus facilement les mouvements du bateau. L'idéal aussi serait de tenir la barre, si vous avez le permis bateau.
- Éviter les odeurs désagréables pour soi : cela peut être n'importe quoi, une odeur de mazout, de poisson, ou même de désodorisant pour toilettes, mais on a tous une palette de senteurs qui nous sont insupportables. Si à terre, cette intolérance est facilement contrôlable, en mer, elle ouvre la porte au mal de mer. Pour parer le coup, il est ainsi vivement conseillé de se tenir loin de toutes odeurs désagréables (et, pourquoi pas, d'en renifler d'agréables).
- Dormir dans le bateau la veille de l'appareillage : quand c'est possible, anticiper le départ en passant une nuit dans le navire est une bonne façon de permettre au corps de s'habituer aux effets de la houle.
La médication contre le mal de mer
Évidemment, il est tout à fait possible de prendre quelque chose contre le mal de mer, par contre, nous ne sommes pas tous égaux face à la médication. Le mieux est donc de toujours demander conseil à votre médecin ou à votre pharmacien qui saura précisément vous conseiller.
Les médicaments contre le mal de mer peuvent être divisés en 2 catégories, à savoir les antiémétiques et les antihistaminiques H1. Les premiers sont des anti-vomitifs conditionnés en sirop, en gélules ou en patch. Les seconds sont des antiallergiques qui vont neutraliser l'action de l'histamine. Ces médicaments ne sont toutefois pas anodins et peuvent entraîner des effets secondaires embêtants en mer (somnolence, perte de concentration, troubles de la vision, etc.). Ils sont aussi contre-indiqués pour certaines personnes (femmes enceintes et enfants le plus souvent). On ne le répètera ainsi jamais assez : évitez l'automédication et parlez-en toujours à votre pharmacien ou à votre médecin.
Si vous voulez éviter les médicaments de synthèse contre le mal de mer, l'homéopathie pourrait peut-être vous soulager, à moins que vous ne préfériez vous tourner vers les huiles essentielles (menthe poivrée associée à du citron notamment, ou à de la lavande). Il se murmure aussi que le gingembre est excellent contre le mal de mer, du fait qu'il aide à calmer les haut-le-cœur. Mâché tel quel, pris en jus, en tisane, ou avalé en gélules, il a une action rapide qui dure environ 4 heures.
Enfin, si jamais aucune des méthodes données ci-dessus n'a l'air de fonctionner pour vous, ne désespérez pas : le pied marin, ça s'acquiert ! Habituellement, il faut environ 3 jours à notre organisme pour s'habituer à la mer. On dit alors qu'il s'est amariné.
Photos : Maël Balland / Sindre Strøm