Un Cairn est un amas artificiel de pierre, qu'on croise assez souvent en se promenant sur les littoraux. Les touristes s'amusent à empiler les cailloux, sans penser un instant aux conséquences de leurs actes. Ce geste anodin en apparence perturbe l'écosystème et l'ampleur qu'a pris le phénomène inquiète les spécialistes de l'environnement qui nous mettent en garde.
D'où vient cette tradition d'empiler les cailloux ?
On désigne les empilements de pierres présents sur les routes de montagne, les sentiers de forêt ou les plages par le terme de Cairn, qui dérive du mot celte Karn, utilisé pour les pierres ou les rochers.
Cet amas artificiel de cailloux n'est pas réalisé en vain au départ, puisque les Cairns avaient plusieurs fonctions : ils servaient à baliser un sentier aride, à indiquer la présence d'un site funéraire, ils étaient utilisés comme marqueur pour les randonneurs ou les aventuriers en signalant la présence d'un passage, d'un refuge ou d'une grotte à proximité, et on les retrouve dans certains rites religieux Indiens, Tibétains ou Mongols.
Aujourd'hui, symbole zen par excellence, le cairn amuse petits et grands, et la simplicité de cette création fait qu'on en retrouve un peu partout, ce qui n'est pas sans conséquences.
Les conséquences des cairns sur le littoral
Il suffit de se promener sur une plage de galets pour apercevoir ces petites constructions de pierres un peu partout. On sait que prélever des éléments naturels sur le littoral est punissable par la loi mais il est moins évident de faire le lien entre les cairns et l'écosystème.
Pourtant, ces réalisations posent un vrai souci. Les galets sont des remparts naturels qui réduisent l'impact des vagues et à trop en retirer, on affaiblit la protection de la côte. Mais puisque le nombre de touristes empilant des cailloux pour avoir une jolie photo de vacances ne cesse d'augmenter, et que ces derniers vont prélever les roches dans leur habitat naturel, le problème prend une ampleur inquiétante. En plus, quand les galets viennent à manquer sur la plage, les visiteurs vont se servir dans les falaises et en ôtent certaines pierres. Cela fragilise ces falaises, ce qui entraîne une érosion plus rapide.
Il faut aussi rappeler que les galets servent de refuge à la végétation de plage qui forme les laisses de mer, ainsi qu'à certains oiseaux qui viennent pondre directement entre les rochers. C'est le cas des gravelots, qui se reproduisent normalement pendant l'été. Mais alors que leur potentiel nid se trouve détruit, les volatiles se retrouvent sans solution.
Face à cette mode, certaines mesures ont été mises en place : des panneaux de signalisation avec des pictogrammes indiquent aux touristes qu'il ne faut plus empiler de pierre et certains membres d'associations écologistes dans les principales zones touchées tentent d'éduquer les visiteurs. Une mission moins facile qu'on pourrait le croire.
Un phénomène amplifié par les réseaux sociaux
Réaliser des cairns est devenu tendance, et chaque visiteur veut faire le sien pour pouvoir ensuite poster sa sculpture sur Instagram. C'est ainsi que depuis l'été 2015, les empilements sauvages se multiplient et malgré le risque de sanction financière – on peut écoper de 1500 euros d'amende si l'on est pris en flagrant délit de prélèvement de galets – la situation ne semble pas s'améliorer.
Certaines municipalités ont même totalement interdit les cairns (c'est le cas à Saint-Denis-d'Oléron) face à l'incompréhension et l'agressivité de certains touristes concernant ces restrictions. "Ils ont l'impression qu'on détruit leur œuvre d'art", rapporte Didier Olivry, délégué au rivage du Conservatoire du littoral breton.
Il faut donc alerter les amateurs de plage sur les conséquences de leur geste, et à défaut de les convaincre d'arrêter d'empiler les pierres, leur demander au moins de remettre les galets à l'endroit où ils les ont pris.
Je ferais ça désormais !
par Jérôme Hino, le 09/02/2023
Article très intéressant qui m'a ouvert à la dangerosité de cette pratique. J'en faisais moi-même lors de mes balades en forêt ! Je vais désormais faire en sorte de garder les pierres acquises en forêt et les mettre sur les plages, cela devrait faire d'une pierre deux coups !