Lutte contre la pêche illégale : l'albatros à la rescousse !
Faire de l'albatros un espion pour la bonne cause, c'est le pari fou remporté par le Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC) du CNRS. Grâce à une balise dernier cri, l'oiseau géant aide désormais à détecter les pêches illégales en haute mer.
Les albatros comptent parmi les oiseaux de mer les plus vulnérables, voire menacés, un déclin en grande partie dû à la pêche à la palangre. Dans ce type de pêche, on laisse traîner des hameçons appâtés sur une ligne principale pour prendre du thon ou de la légine. Malheureusement, cela attire immanquablement les albatros qui se blessent gravement sur les hameçons ou se noient. Aussi, pour une meilleure protection de ces oiseaux géants, des chercheurs du CEBC ont lancé en 2018 le programme Ocean Sentinel.
A l'origine, Ocean Sentinel devait uniquement surveiller les faits et gestes des albatros. Pour cela, les oiseaux sont équipés d'une balise Centurion, un petit appareil de 70 g remontant des informations comme leurs déplacements, leur état, ou encore leur comportement. Mais le mouchard, polyvalent, est aussi capable de détecter les émissions radar des bateaux, et ce dans un rayon de 5 kilomètres. C'est de là qu'est née l'idée : pourquoi ne pas profiter des albatros pour repérer les pêches illégales ?
Il faut savoir que les pêcheurs braconniers, sachant pertinemment qu'ils sont dans l'illégalité, désactivent volontairement leurs systèmes d'identification (AIS) lorsqu'ils décident de sévir. Par contre, impossible pour eux de se passer de radar pour naviguer. C'est là qu'intervient notre James Bond à plumes, un espion qui, on l'a vu, a une attirance particulière pour les bateaux de pêche. Le candidat tout indiqué pour le job !
Après un premier essai concluant en Afrique du Sud, c'est dans les Terres australes et antarctiques françaises que le système a été déployé auprès de 150 albatros. Un premier jet qui s'est étalé entre novembre 2018 et mars 2019 dans les îles Crozet, Amsterdam et Kerguelen. La Nouvelle-Zélande et Hawaï seront les prochains à bénéficier de ces espions volants. Des patrouilleurs infatigables capables de parcourir plus de 1 000 kilomètres par jour et dont l'espérance de vie peut atteindre jusqu'à 70 ans.