Les océans dans le collimateur des fabricants de batteries de voiture

Les océans dans le collimateur des fabricants de batteries de voiture

Alors que l'exploitation de métaux stratégiques nécessaires à la fabrication des batteries pour voitures électriques devient de plus en plus problématique en surface, leur profusion sur le plancher océanique attire l'attention des fabricants.

Le boom des véhicules électriques, notamment des voitures hybrides, a causé une augmentation de la demande en batteries. Le problème est que leur fabrication nécessite l'extraction de métaux spécifiques, notamment du nickel, du manganèse ou encore du cobalt, dont le minage, la transformation et le raffinage sont à la fois polluants et fortement émetteurs de CO2. Le souci est tel qu'il handicape fortement les arguments écologiques de l'électrique, du moins, si on reste à la surface. Au fond de l'océan, c'est une autre histoire.

Parmi les nombreuses ressources se cachant sur les fonds marins en effet, on trouve ce que l'on appelle des nodules polymétalliques. Ce sont de petits amalgames de roches qui sont justement riches en minerais nécessaires à la confection de batteries électriques. Simplement posés à même le sédiment dans les profondeurs abyssales, entre 4 000 et 6 000 mètres de profondeur, ces nodules sont relativement faciles à récolter alors que leur exploitation émettrait moins de dioxyde de carbone.

Pour arriver à cette conclusion, des chercheurs de l'université du Delaware ont comparé l'impact CO2 de l'extraction de minerais à la surface à celui de la collecte de nodules sur le plancher océanique, sans oublier bien sûr les étapes nécessaires à leur transformation. Il est alors apparu que le scénario qui en émet le moins est celui impliquant la collecte de roches sous l'eau : entre 70 et 75% d'émission en moins par rapport au minage à la surface.

Les fabricants de batteries de voitures électriques ont donc désormais les océans dans leur viseur et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. Les chercheurs ont par exemple souligné que s'il fallait 156 000 km² de terre pour avoir assez de métaux pour produire 1 milliard de batteries, produire la même quantité avec des nodules polymétalliques nécessiterait d'exploiter 508 000 km² de fond marin. Par ailleurs, leur étude ne prend pas en compte les dégâts écologiques qu'impliquerait le raclement des sédiments sur une telle superficie dans les plaines abyssales. Pas sûr au final que la planète y soit vraiment gagnante.

Par Andriatiana Rakotomanga