Des super-coraux plus résistants pour survivre aux épisodes de chaleur marine

Le corail et les récifs coralliens parfois millénaires qu'il forme sont gravement menacés par les vagues de chaleur océaniques à répétition, conséquences du réchauffement climatique. Pour faire face à cette crise et tenter de sauver les coraux, des chercheurs de l'Université de Newcastle ont pensé à une approche inhabituelle : la reproduction sélective.
La reproduction sélective, pour rappel, est une méthode de sélection génétique qui consiste à choisir spécifiquement des parents ayant des caractéristiques que l'on souhaite mettre en valeur pour que leurs descendants aient également ces mêmes caractéristiques. Dans le cas qui nous intéresse, les chercheurs, sous la direction du Dr James Guest et avec l'appui du laboratoire Coralassist de l'Université de Newcastle, ont travaillé à créer des coraux plus résistants à la chaleur.
Les coraux sont effectivement très sensibles à la température et une augmentation, ne serait-ce que d'un ou deux degrés, cause chez eux un stress qui conduit à l'expulsion spontanée des zooxanthelles avec lesquelles ils vivent en symbiose. Ces zooxanthelles sont des algues unicellulaires qui résident directement dans les tissus de différents animaux marins comme le bénitier, mais aussi le polype de corail. Elles sont responsables des couleurs éclatantes des récifs coralliens, mais sont surtout indispensables à leur survie, car ce sont elles, par le biais de leur photosynthèse, qui leur fournissent la majeure partie de leur énergie. S'ils sont privés de zooxanthelles, les coraux blanchissent et s'affaiblissent, voire meurent.
Pour tenter de résoudre le problème, le Dr Guest a travaillé pendant 5 ans à accroître la tolérance des coraux aux élévations de température. Pour cela, il s'est particulièrement intéressé à l'Acropora digitifera, une espèce de corail relativement commune. Des colonies ont tout d'abord été étudiées puis croisées afin de produire une descendance. Ces jeunes coraux ont ensuite été soumis à des simulations de vagues de chaleur : une exposition courte mais intense (+3,5°C pendant 10 jours), ainsi qu'une exposition plus longue, mais moins intense (+2,5°C pendant un mois). Les résultats ont alors montré que les coraux issus de parents tolérants à la chaleur présentaient une meilleure résistance dans les deux scénarios, révélant une tolérance accrue d'environ 1°C par rapport à la moyenne, et ce, en une seule génération.
Malgré ce succès, du chemin reste encore à faire pour compenser le rythme du réchauffement des océans prévu à +0,27°C par décennie (université de Reading). Cela reste tout de même une avancée dans la préservation des récifs coralliens, une piste à suivre dans la course pour la préservation de ce qui est l'un des biotopes les plus complexes et importants des océans, abritant 25 % de la vie sous-marine du monde.