Les mégots : le pire des polluants pour les océans ?
Les mégots de cigarette et plus particulièrement les filtres qu'ils contiennent sont extrêmement nocifs pour l'environnement. De par leurs composants chimiques, leur temps de décomposition très long et la facilité avec laquelle les fumeurs les jettent dans le caniveau, ils sont devenus le premier polluant pour les océans. Face à ce fléau, des plans d'action sont mis en place pour protéger les eaux.
Les cigarettes et leurs filtres détruisent les océans
Au cours des 30 dernières années, plus de 32 millions de mégots de cigarette ont été ramassés sur les plages de la planète. Ce chiffre en fait le détritus que l'on retrouve le plus dans le sable, et le produit le plus polluant pour les eaux.
Un seul mégot peut contaminer 500 litres d'eau et ainsi diffuser les nombreuses matières toxiques qu'il contient : de la nicotine, du chlorure de vinyle, de l'acétone, du benzopyrène et d'autres composants toxiques tant pour notre organisme que pour celui de la faune maritime. Une catastrophe environnementale qui semble pour l'instant reléguée au second plan derrière la lutte contre le plastique.
Pourtant, avec une production de près de 5 milliards de cigarettes avec filtre chaque année, le problème demande une prise de conscience rapide. Les filtres sont en effet composés d'un type de plastique appelé acétate de cellulose, qui met une dizaine d'années à se décomposer, et environ 2/3 de cette production finit dans l'eau.
Une prise de conscience collective comme objectif premier
Plus de 80 % des mégots de cigarette qui atterrissent dans l'eau proviennent du continent, et ils ont été jetés dans le caniveau ou en bord de route avant de venir engorger les égouts. Ils prennent ensuite le chemin des mers et des océans dans lesquels ils viennent se décomposer lentement, quand ils ne sont pas absorbés par des animaux aquatiques.
De nombreuses associations comme le Cigarette Butt Pollution Project ou le Ocean Conservancy fustigent le comportement des irresponsables qui jettent leur mégot au sol, au mépris de tout sens écologique. On sait que l'activité humaine et les effets de certaines industries sont très néfastes pour les océans, mais une prise de conscience individuelle aiderait certainement à limiter les dégâts.
C'était l'avis de Nicolas Hulot, qui expliquait déjà en 2018, à ce propos, que "certains petits gestes élémentaires peuvent paraître dérisoires, mais qu'ils font la différence". Commencer par ne pas jeter son mégot de clope à terre pour préserver la nature devrait être une attitude responsable suivie par tous. Ce n'est hélas pas le cas, ce qui pousse à devoir adopter des méthodes plus drastiques.
Interdiction ou recyclage : quelles solutions pour préserver les eaux ?
Les mégots de cigarette sont difficiles à recycler, car leur forte teneur en produits chimiques (près de 4000) nécessite une dépollution coûteuse avant un quelconque recyclage. Pour remédier à cela, plusieurs options sont envisagées.
Les professionnels du marché du tabac ont commencé à concevoir des filtres biodégradables, pour se dédouaner de la responsabilité qui leur incombe. Il faut rappeler que les filtres ne protègent en rien un fumeur, puisqu'ils ont été conçus uniquement pour rassurer les consommateurs sur le fait que le tabac n'était pas nocif, alors que l'industrie en était à ses débuts. Un outil marketing qui leur a permis d'engranger des milliards sans se soucier de l'environnement.
Face à ce puissant lobby, des associations demandent de taxer les fabricants de tabac, voire de voter une interdiction pure et dure des filtres sur les cigarettes. La Commission européenne a également émis l'hypothèse de faire payer une partie des frais de recyclage de ce mégot aux industriels du tabac.
Le combat s'annonce difficile, mais chaque fumeur devrait commencer par écraser sa cigarette dans un cendrier pour donner le bon exemple.
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