Le bout du monde s'appelle le point Nemo
Charles Trenet l'a chanté, de nombreux rêveurs et poètes l'ont fantasmé, mais aucun ne savait vraiment à quoi il ressemblait. Le point Nemo est le bout du monde tel qu'on le conçoit scientifiquement, à savoir l'endroit le plus isolé du monde. Plus justement encore, il s'agit du point le plus éloigné de toute présence humaine et de toute terre. Il s'agit du point maritime d'inaccessibilité.
48°49'48.0"S 123°19'48.0"W
C'est en 1992 que le point maritime d'inaccessibilité a été déterminé. Sa "découverte", on l'a doit à Hrvoje Lukatela, un canadien d'origine croate qui se pencha sur la question de savoir quel point serait le plus éloigné de la terre ferme. Il se livra pour cela à de savants calculs géospatiaux que nous ne vous ferons pas l'offense d'essayer de retranscrire ici.
Toujours est-il que Hrvoje Lukatela a réussi à situer le bout du monde en plein océan Pacifique, à 2.688 km de toute terre immergée. Il y est posé aux coordonnées 48°49'48.0"S 123°19'48.0"W, à égale distance de l'île Maher (en Antarctique), au sud, et des îles Ducie et Motu Nui au nord. L'île de Maher étant aussi désertique que le reste de l'Antarctique et les autres îles étant inhabitées, l'agglomération humaine la plus proche du point Nemo se trouve à Auckland, en Nouvelle Zélande, à 2.778 km de là.
C'est bien simple, au bout du monde, les humains les plus proches de vous seront ceux entassés dans la Station spatiale internationale, en orbite à 408 km au-dessus de nos têtes (en vérité, la vraie distance dépendra de sa position, mais vous avez saisi l'idée).
Un endroit pas comme les autres
Le point est ainsi nommé d'après le capitaine Nemo, le héros de Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne. Un nom qui tombe à pic étant donné que nemo, en latin, signifie personne, exactement ce que vous allez trouver dans les 22 millions de km² d'eau entourant le point.
Cette zone est également connue pour être l'origine de sons bizarres et incongrus. Le plus célèbre de tous est sûrement le "bloop", un son d'ultra basse fréquence enregistré en 1997 et que même des capteurs situés à 5.000 km du point d'origine supposé ont pu capter. On pense aujourd'hui qu'un iceberg se désagrégeant aurait pu en être l'origine, mais rien n'est moins sûr. D'ailleurs, au vu de la courbe du son, sa source a tout l'air d'être animale, un très gros animal dans ce cas-ci, plus gros qu'un rorqual.
Dans tous les cas, cet immense désert aquatique fait bien l'affaire des agences spatiales qui peuvent y faire s'écraser sans crainte leurs appareils et matériels en fin de vie. Une sorte de cimetière spatial (ou décharge, selon le point de vue) où de nombreux engins spatiaux ont déjà terminé leur carrière.