La menace du poisson-lion

Ne vous laissez pas tromper par l'aspect majestueux et les couleurs chatoyantes du poisson lion, cette espèce est dangereuse à plus d'un titre. Elle est tellement invasive qu'elle provoque plusieurs levées de boucliers simultanées dans le monde.

Originaire de la vaste région Indo-pacifique, le poisson-lion se trouve aujourd'hui dans presque toutes les eaux tropicales du globe. C'est une espèce invasive et incontrôlable qui menace la biodiversité marine.

Anatomie d'un envahisseur

Le poisson lion (Pterois volitans) est une rascasse volante appartenant à la famille des Scorpaenidae. Il est facilement repérable avec son corps entouré de longues épines et de nageoires rayées pouvant être marrons, rouges, jaunes ou blanches.

Ce poisson possède treize épines dorsales, deux épines pelviennes et trois épines anales qui contiennent toutes du venin. Ce dernier provoque de très vives douleurs et même la mort dans de rares cas. C'est d'ailleurs là l'origine de son autre nom : le poisson scorpion.

Un poisson-lion adulte mesure de 30 à 49 cm, et croise jusqu'à 300 mètres de profondeur. C'est un carnassier qui préfère généralement nager aux abords des récifs coralliens ou des mangroves, lieux où les proies sont abondantes.

En quoi le poisson-lion est-il une menace ?

Cet animal est une vraie menace sur plusieurs plans. Outre son venin qui en fait un invité indésirable sur les côtes touristiques, le poisson-lion est un prédateur vorace qui se nourrit indifféremment de poissons et de crustacés. Dans son aire d'origine, cela n'est pas un problème puisqu'il a ses prédateurs, mais dans les nouvelles eaux qu'il a colonisées, ses épines venimeuses font qu'il en a très peu, ce qui laisse libre court à son appétit et à son expansion.

Le poisson-lion pose ainsi une double menace : une sur l'écosystème, mais aussi une sur un plan économique car en s'attaquant aux autres poissons, il menace aussi les pêcheurs qui dépendent de ces derniers.

Une invasion qui prend de l'ampleur

On suppose que l'origine de l'invasion remonte aux années 90, suite au passage de l'ouragan Andrew qui a provoqué la casse d'un aquarium en Floride. Cela aura permis à un ou plusieurs spécimens de s'échapper dans l'océan Atlantique. Depuis, l'espèce a investi les côtes de l'État, puis a proliféré en descendant dans tout le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes, touchant la Martinique et les Bahamas.

Le fort pouvoir invasif de ce poisson lui vient de deux particularités. Déjà, sa femelle peut pondre jusqu'à 30.000 œufs tous les 4 jours pendant toute l'année, ce qui est énorme. Ensuite, la faible mortalité des alevins de l'espèce fait le reste.

L'espèce grandit ainsi à une telle vitesse que toute la côte Atlantique de l'Amérique du Sud devrait bientôt lui succomber, de même que... la Méditerranée ! En effet, par le biais du canal de Suez, il semblerait que le poisson-lion ait pu se frayer un chemin jusque dans la mer depuis son aire d'origine.

Lutte contre le poisson-lion

Quelles solutions avons-nous pour faire face ?

Malgré un branle-bas de combat quasi mondial, les moyens de lutte sont encore aujourd'hui sommaires et l'on se contente pour le moment de chasser et de manger le poisson, qui s'avère d'ailleurs étonnamment savoureux une fois bien cuisiné. Toutefois, les plongeurs munis de harpon ne peuvent poursuivre le poisson au-delà de 80 mètres de profondeur, ce qui limite la portée de cette mesure.

Une association américaine créée spécialement pour contrer l'avancée du poisson-lion, RISE, a inventé un piège à main qui électrocute efficacement le poisson. La prochaine étape sera d'adapter le piège à un robot sous-marin équipé d'une reconnaissance visuelle afin de créer un prédateur artificiel du poisson-lion.

Enfin, au Honduras, des spécialistes se sont penchés sur un autre prédateur, le requin, pour s'occuper de l'envahisseur. Les requins semblent en effet immunisés contre le venin du poisson-lion et sont ainsi entraînés à chasser l'indésirable. Dans tous les cas, le temps presse car pendant qu'on expérimente, le poisson-lion, lui, continue d'accaparer de nouveaux territoires.

Photo : Oregon State University

Par Andriatiana RakotomangaMis à jour le 19/07/2018