L'aquaculture peut-elle sauver les océans ?
La croissance démographique, à l'échelle mondiale, implique irrémédiablement l'augmentation des besoins alimentaires. Dans 30 ans, on estime ainsi qu'ils seront 70% plus élevés que maintenant. Or, dans plusieurs pays, le poisson est une source de protéines très courue (voire unique), ce qui met une pression considérable sur les stocks et les mers qui les accueillent. Le salut pourrait-il venir de l'aquaculture ?
Les océans et les stocks de poissons mis à mal
Entre pollution, pêche destructrice, réchauffement climatique et autres dangers qui menacent les océans, nos ressources halieutiques vont mal, surtout le poisson dont l'exploitation n'a eu de cesse de faire baisser le stock à des niveaux gravement bas.
Comparée aux années 1960, la consommation de poissons a aujourd'hui plus que doublé, passant de 9 kg par personne en 1961 à 20,5 kg en 2017. Pour répondre à cette demande, les pays industrialisés sont arrivés à un non-sens : on pêche plus que ce qu'on peut consommer ! C'en est à un point où les scientifiques pensent que nos mers seront vides de tout poisson d'ici 2050 si rien n'est fait.
La place de l'aquaculture dans le secteur halieutique
En 2016, la pêche mondiale a produit 171 millions de tonnes, un record. Ce qui est intéressant, c'est que 53% de cette production vient de la pêche industrielle et que le reste, 47%, provient de l'aquaculture. Un bon chiffre, bien qu'encore trop bas, puisque l'élevage d'espèces marines permet de ne pas exploiter le stock naturel qui s'appauvrit de jour en jour.
Ces dix dernières années, la production aquacole a connu une forte hausse. Ainsi, si en 2000 la part de l'aquaculture dans l'alimentation humaine était de 25,7%, elle est passée à 46,8% en 2016. Un phénomène qui s'explique par l'augmentation du nombre de pays sérieusement impliqués dans l'aquaculture. Ils sont, selon la FAO, plus de 37 aujourd'hui à être séduits par l'élevage et parmi eux, la Chine, l'un des plus grands exportateurs, mais aussi le Vietnam, la Thaïlande, la Norvège, le Canada, l'Indonésie, l'Égypte ou encore le Bangladesh.
Des investissements pour l'avenir
Alors, aquaculture, oui, mais pas n'importe comment ! Longtemps en effet, elle aura été critiquée pour ses effets néfastes sur l'écosystème aquatique. Ainsi, pour que le poisson d'élevage finisse davantage dans nos assiettes, il va falloir qu'il soit reconnu et accepté par les consommateurs.
Et ça commence par une aquaculture plus naturelle, durable et par conséquent moins polluante. Adieu donc antibiotiques et aliments farcis d'hormones, bonjour nourriture biologique et nouvelles façons de faire. Aux îles Canaries par exemple, on a développé de nouvelles cages à poissons qui résistent aux tempêtes. On peut ainsi les exposer sans problème aux forts courants du large de l'Atlantique. Non seulement cela assainit naturellement l'élevage, mais ça fait faire aussi de l'exercice aux poissons, un peu comme des poules en plein air. Résultat, ils ont bien meilleur goût !
Autre exemple : la Kingfish Zeeland, aux Pays-Bas, qui utilise un système de recirculation d'eau de mer pour garantir la salubrité de leurs bassins. Ce faisant, ils ont pu abandonner les antibiotiques et proposer un poisson d'élevage de qualité et reconnu comme tel.
Pour finir, il faut convaincre le public que le poisson d'élevage n'est pas un sous-produit, comme c'est le cas aujourd'hui avec le saumon d'élevage. Toujours aux îles Canaries, les chefs ne jurent plus que par l'élevage et ce depuis que les pratiques ont changé. Goûteux et frais, le poisson de bassin y a gagné les cœurs des gourmets. Et si en plus il est durable, pourquoi s'en priver ?