Ces algues qui pullulent sur nos plages

La mésaventure est assez classique : on embarque toute la famille pour un inoubliable séjour à la mer, et après plusieurs kilomètres de route, on tombe sur une plage envahie par les algues. De quoi gâcher les vacances.

Une algue est un organisme végétal principalement aquatique. Elle est apparue il y a de cela 4 milliards d'années et joue aujourd'hui un rôle très important dans la limitation de l'effet de serre en fixant le carbone par photosynthèse. Mais lorsqu'elles commencent à envahir les côtes, ça devient tout de suite une autre histoire.

Ces algues qui nous gâchent nos vacances

Il existe trois grandes variétés d'algues invasives. Les plus communes sont les algues vertes ou chlorophycées. Elles pullulent généralement dans les eaux douces mais aussi à la surface de la mer Méditerranée.

Viennent ensuite les algues brunes ou phéophycées, des algues marines nombreuses dans les eaux tempérées et froides, à 20 ou 30 mètres de profondeur. Elles peuvent être microscopiques ou au contraire très grandes, mesurant jusqu'à 60 mètres pour 300 kilos.

Enfin, les algues rouges ou rhodophycées, apparues il y a "seulement" 2 milliards d'années, et qui prolifèrent dans les eaux froides de la planète. Elles peuvent flotter au gré des courants ou s'accrocher aux coquillages et aux rochers.

Pourquoi les algues nous envahissent-elles ?

Les invasions d'algues sont généralement imputables à l'augmentation de la température de l'eau, aidée par les engrais agricoles et autres composés azotées issues de l'élevage intensif (déjection de porcs notamment). Ces rejets azotés sont lavés par la pluie vers les rivières pour ensuite finir leur course dans l'océan.

Dans un environnement chaud et hautement azoté, les algues se multiplient à vitesse grand V, importunant le vacancier pris de court par cette brusque marée verte, et allant jusqu'à poser un vrai problème de santé publique : les algues en décomposition fermentent en dégageant de fortes odeurs nauséabondes, typique de l'hydrogène sulfuré qu'elles libèrent en quantité. Ce gaz est toxique lorsqu'il est inhalé et peut tuer en quelques minutes si sa concentration est assez élevée. Le cas le plus connu est sûrement celui de la mort de 36 sangliers sur les côtes de Bretagne en juillet 2011, intoxiqués par l'hydrogène sulfuré d'une marée verte.

Contrecarrer une invasion d'algues

Devant un tel constat, on ne s'étonne pas de savoir que toute invasion d'algues vertes, rouges ou brunes se doit d'être traitée dans les plus brefs délais. Le ramassage doit ainsi être pratiqué dans les 24 heures suivant l'invasion car si l'on tarde trop, les algues commencent à fermenter et libèrent leur dangereux gaz. Elles sont ensuite transportées vers des plateformes de compostage confiné où elles pourront achever de pourrir sans danger. Les algues pourront alors être utilisées en compost bio pour enrichir les champs.

A long terme, cette solution n'est cependant pas viable car l'on se contente ici de soigner les conséquences sans s'attaquer aux véritables causes des invasions : les rejets azotés. Des idées ont été lancées en ce sens, mais les négociations entre les exploitants et les collectivités piétinent, mis à mal par un lobby agroalimentaire puissant qui ne voit pas d'un très bon œil tout changement dans le secteur.

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 21/05/2014

4 commentaires

Lobby

par Marcel, le 23/05/2014

Monsieur lelay maintien fermement sa ligne d'attaque, qui finit par entrer dans la tête de monsieur toutlemonde... Il faut lui accorder une chose, c'est un bon lobbyiste! Mais de là à essayer de vendre son livre, il se rabaisse! L'avis de passisimple est excellent! Plus complexe qu'un discours assassin, mais tellement plus vrai!

Pendant ce temps là

par Passisimple, le 22/05/2014

C'est étonnant comme nous nous satisfaisons de réponses simple et comme nous avons besoin de la désignation d'un coupable face à des problématiques environnementales complexes. Mais ça doit être historique: le peuple gaulois est bagarreur! Si les algues poussent dans les baies bretonnes c'est surtout que l'ensemble des conditions favorables y sont réunies: baies fermées, ensoleillement, température, nutriments, par exemple. Pour maitriser ces marées, il faut évidement maitriser ces conditions. Et si il parait difficile d'influer sur le contexte géographique et climatiques, il nous reste la possibilité d'influer sur les nutriments. Lesquels ne sont pas exclusivement composés d'azote. En effet, on a saturé les sédiments pendant des décennies avec un phosphore (l'homme, ses lessives, ses activités), que l'on ne peut plus extraire (choix technique et politique). aussi à la formulation choc "aidée par les engrais agricoles et autres composés azotées issues de l'élevage intensif" on pourrait préférer quelque chose de moins clivant et accusateur. Je propose "les invasions d'algues sont généralement imputables à l'augmentation de la température de l'eau" et aux activités humaines connectées au littoral. Sur ce point, la présence humaine ayant fourni en excès l'un des facteurs de croissance des algues (le phosphore), il semble que nous n'ayons aujourd'hui comme seul recours de tenter de limiter les apports d'azote et de demander à l'agriculture d'accepter ce challenge. Le monde agricole apparait comme la clé de ce problème que nous avons collectivement alimenté pendants des années.

Réponse à un organisateur du déni des pollutions agricoles

par Yves-Marie Lelay, le 22/05/2014

Quelle belle preuve de déni d'un exploitant industriel qui a oublié ce que le mot terre signifiait ! Car, c'est à force de la gaver d'engrais de toutes sortes et en particulier de lisiers de porcs qu'elle livre à la mer tous ces excès de nitrates qui profitent tant aux marées vertes. Ce ne sont pas seulement paroles d'associations mais d'abord preuves de scientifiques . Je conseille à ce complice des pollueurs la lecture du rapport 2012 de M. Chevasus-au-louis sur le sujet. Quant au danger de l'hydrogène sulfuré, qu'il lise le livre que j'ai co-écrit avec André Ollivro : les marées vertes tuent aussi, chez le temps éditeur.

Un peu facile !

par Mouloud, le 21/05/2014

Imputer la responsabilité de la prolifération des algues aux élevages de porcs est une ineptie qui arrange surtout bien les élus et responsables de step touristiques littorales qui déversent les surplus dans le milieu chaque année. Le cochonnier pollueur, c'est d'un autre temps. Beaucoup de personnes restent aveuglées par cette image d'epinal martelée par les associations depuis trop d'années. Un scandale.

Réponse de la rédaction : vous noterez que l'article ne pointe pas du doigts les élevages de porc comme cause principale mais comme l'un des facteurs à prendre en compte.

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