BioLit, la science participative au service de la biodiversité

Pour agir en faveur de la biodiversité du littoral, BioLit compte non pas sur des scientifiques chevronnés qui agissent sur le terrain, mais sur l'implication citoyenne. Il invite ainsi tout un chacun à participer aux collectes de données nécessaires à une meilleure compréhension des écosystèmes côtiers, un programme ambitieux qui se distingue par son approche originale et les résultats concrets qu'il permet.
BioLit, la science participative au service de la biodiversité

Initié en 2010 par l'association Planète Mer, BioLit - pour "Biodiversité du Littoral" - est un programme national de science participative sur la biodiversité côtière. En partenariat avec la station marine du Muséum national d'histoire naturelle de Dinard, il a été mis au point pour aider les scientifiques à mieux comprendre le littoral français, en collectant le plus de données possible par le biais d'un maximum d'observations. BioLit adopte ainsi une démarche collaborative avec des résultats qui serviront ensuite au suivi de l'état de santé de nos côtes.

Un réseau d'observatoires

Si la majorité des programmes de sauvegarde de l'environnement implique exclusivement des scientifiques, BioLit mobilise un public plus large : adultes, enfants, retraités, associations scientifiques, tout le monde peut participer. Le principe est d'établir une communauté d'observateurs le long des côtes métropolitaines et outre-mer. La Manche, la mer du Nord, toute la façade atlantique, la Méditerranée et la Guadeloupe possèdent ainsi ce que l'on appelle des observatoires.

Le principe de l'observation est d'une simplicité enfantine : il suffit de se promener sur un rivage et de photographier les espèces qu'on y rencontre. En se connectant sur le portail de BioLit ensuite, il faut y téléverser les photos en précisant quelques informations comme le lieu, la date et l'heure de l'observation.

Un observateur peut réaliser ses clichés seul ou lors de sorties organisées par un relais local de BioLit. La seule contrainte sera que les observations devront correspondre à l'une des thématiques spécifiques du programme, ce que ce dernier appelle des "actions".

Un éventail d'actions et des résultats qui comptent

Pour surveiller le littoral et mieux le protéger des dangers qui le guettent, le programme BioLit a identifié plusieurs axes d'approche. À ce jour ainsi, le programme comprend six actions différentes aux objectifs distincts, mais complémentaires.

L'action "Algues brunes et bigorneaux" est la thématique la plus aboutie du programme. À travers trois niveaux de difficulté, elle consiste à étudier les estrans rocheux en se focalisant sur les algues brunes et les mollusques comme le bigorneau. Après plus d'une décennie d'existence, cette action totalise 2 652 observations effectuées sur 55 sites de la façade atlantique de l'Hexagone. Grâce à ces données, les scientifiques ont pu étudier l'impact de la pression anthropique sur la diversité et l'abondance des mollusques. En février 2022, une étude se basant sur ces données est même parue dans la revue scientifique Science of the Total Environment (Stoten).

bigorneaux

La thématique "À vos observations" vise, quant à elle, à dresser un inventaire de la biodiversité d'un habitat donné. Lorsque l'observateur choisit de participer à cette action, son travail permet aux scientifiques de recenser les espèces qui vivent dans la zone photographiée. Ce pan du programme BioLit est par exemple à l'origine d'une découverte peu commune : en novembre 2020, deux membres du programme ont partagé les clichés de ce qui ressemblait à des nids de guêpes à fleur d'eau, non loin des plages du Prado, à Marseille. Une fois identifiées, les intrigantes structures se sont révélées être des colonies d'hermelles, de petits vers marins que l'on croyait disparus des côtes marseillaises depuis un siècle.

Les autres thématiques du programme sont : "Nouveaux arrivants", qui surveille le littoral afin de détecter les espèces non indigènes et donc potentiellement invasives ; "Saisons de la Mer", qui s'intéresse au cycle biologique de certaines espèces ainsi qu'aux phénomènes liés au mouvement de la mer (en l'occurrence, l'arrivée des olives de posidonie sur les plages et l'échouage de la vélelle) ; "Chlorophylle-mania", qui cible les espèces végétales classées "d'intérêt" ; et "Attention, menace ?", qui s'intéresse à la pollution de l'eau ainsi qu'aux activités humaines susceptibles de perturber les écosystèmes présents sur les littoraux.

Totalement gratuit et non contraignant, BioLit permet à tous de participer, à son niveau, à la protection de la biodiversité des côtes françaises. C'est, en d'autres mots, un service civique qui, à l'instar des bacs à marée, mériterait d'être plus largement connu !

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 27/06/2022