L'île qui refuse les femmes, patrimoine de l'humanité ?

Au Japon se trouve une île interdite aux femmes depuis plusieurs siècles et il se pourrait que l'UNESCO la fasse bientôt entrer dans la liste très select des patrimoines de l'humanité.

L'île d'Okinoshima est située au nord-ouest de l'archipel japonais, dans le détroit de Tsushima. Un petit bout de terre sans prétention d'à peine un kilomètre carré perdu dans la mer de Genkai, mais qui est pourtant l'un des chefs-lieux de la religion shintoïste. S'y trouve en effet le sanctuaire d'Okitsu, l'un des 3 sanctuaires shinto du territoire de Munakata, la municipalité dont dépend l'île. D'ailleurs, "okinoshima" signifie en français "île habitée des dieux", ce qui en dit déjà long sur le caractère sacré de ces terres.

En tant que territoire sacré, le commun des mortels n'est donc pas autorisé à mettre pied sur l'île d'Okinoshima, mais en réalité, seules les femmes sont interdites de séjour. D'ordinaire, un unique prêtre occupe l'île et les visiteurs ne sont admis qu'un seul jour dans l'année, le 27 mai, au cours d'une commémoration religieuse. Ce jour-là, 200 hommes non-prêtres sont sélectionnés pour aller prier dans le sanctuaire, une chose qu'aucune femme n'a pu et ne pourra jamais faire. Mais même pour les hommes, l'accès est strictement réglementé : il leur faut se mettre à nu, suivre un rituel de purification et laisser leurs effets personnels derrière eux. Il leur est également interdit d'emporter quoi que soit de l'île, ne serait-ce qu'un bout de caillou.

Quant à savoir pourquoi les femmes sont persona non grata, les avis divergent. Certains disent que leurs menstruations les rendent impures pour l'île. D'autres affirment que le voyage était, il y a plusieurs siècles, trop rude pour les femmes. Certains, enfin, avancent que les déesses seraient trop jalouses pour que des femmes viennent sur l'île.

En soit, la proposition d'inscrire l'île d'Okinoshima au patrimoine mondial de l'UNESCO date de 2009. Cependant, l'organisation ne devrait statuer que cette année, lors de la prochaine réunion du Comité du patrimoine mondial à Cracovie (Pologne) en juillet 2017. Mais même si sa candidature est acceptée, cela ne devrait toutefois pas avoir d'incidence sur la tradition séculaire et sacrée qui pèse sur l'île, et dont l'accès est interdit à ces dames.

Par Andriatiana Rakotomanga