Quand les Bretons protègent leur sable

Qu'arrive-t-il quand on cherche à soutirer en douce des centaines de milliers de mètres cubes de sable aux Bretons ? Ils se rebiffent ! C'est l'amère constatation que doit se faire la Compagnie Armoricaine de Navigation, une des filiales du groupe Rouillier.

L'entreprise, par le biais de 2 navires sabliers, souhaiteraient extirper 400 000 mètre-cubes de maërl par an pendant 20 ans dans la baie de Lannion, afin de satisfaire une demande mondiale toujours grandissante. Il faut dire que le maërl est un substrat quasi miraculeux pour l'agriculture : déjà particulièrement riche en oligoéléments, en calcium, en magnésium et en fer, il corrige également le pH d'un sol trop acide, permettant aux plants de mieux capter les nutriments du sol. Mine de rien, cela booste considérablement le rendement des terres.

Le hic, c'est que la formation du maërl est un processus lent qui peut prendre des centaines d'années et que le lieu visé par la Compagnie Armoricaine de Navigation pour son exploitation se trouve à proximité de l'île de Rouzic, le seul point de nidification en France de diverses espèces d'oiseaux dont les fous de Bassan. L'impact sur la faune n'est donc pas négligeable, surtout en comptant avec les remous et les courants que ne manqueront pas de créer les bateaux et qui fragiliseront les petits poissons à la base du réseau trophique de la baie et de ses environs.

Pour protéger leur patrimoine, pêcheurs bretons, organisations écologistes et autres amoureux de la baie se sont donc ralliés en un mouvement appelé le "Peuple des dunes". Une levée de boucliers qui a mis à mal la multinationale, l'obligeant à baisser de 60% ses ambitions !

Par Guillaume Daveluy