Les touristes ne sont plus les bienvenus sur l’île de Pâques

Les touristes ne sont plus les bienvenus sur l’île de Pâques

En octobre 2021, les Rapa Nui, le peuple indigène de l'île de Pâques, ont voté "Non" au référendum sur la réouverture de leur île au tourisme.

"Voulez-vous ouvrir l'île aux touristes en janvier ?", telle fût la question à laquelle ils durent répondre. Les autorités y faisaient référence au mois de janvier 2022, période à laquelle ils songeaient à rouvrir les frontières du territoire. Après dépouillage, c'est donc le "Non" qui l'a emporté avec 66 % des voix. Derrière ce refus, on trouve une certaine appréhension face au Covid, mais aussi un ras-le-bol certain.

L'île de Pâques, l'une des plus belles îles du monde, est sous cloche depuis le mois de mars 2020. Jusqu'ici, il y a eu en tout 8 cas officiels de coronavirus sur le territoire, et ce, pour une population de 10.000 habitants environ. La petite île de 164 km² n'a également eu à déplorer aucun décès et aucun nouveau cas n'a été signalé depuis septembre 2020. Sa population est aujourd'hui vaccinée à 73 %.

Aujourd'hui, vu ce qu'ils voient se passer dans le reste du monde, les Rapa Nui n'ont sûrement aucune envie de voir le virus se propager chez eux. Mais la victoire du "Non" a ceci d'incompréhensible que le tourisme est la principale source économique de l'île. Beaucoup survivent d'ailleurs à peine depuis la fermeture des frontières. Alors comment expliquer ce refus majoritaire ?

Pour commencer, il y a l'énorme taux d'abstention enregistré lors du référendum : 80 % ! Les Rapa Nui composent environ les 60 % des Pascuans, mais seuls 972 sont allés voter. Le résultat du référendum ne reflète donc pas vraiment la volonté du plus grand nombre. Ensuite, il y a l'agacement général face au flot ininterrompu de touristes qui venaient visiter les gigantesques moaïs avant la fermeture des frontières. Devant le succès de l'île de Pâques, qui abrite une aire marine protégée depuis 2017, son accès a même dû être restreint pendant un temps. Tant pis donc pour le tourisme si tel est le prix de la tranquillité.

Les Rapa Nui ont dit non, mais malgré tout, le vote n'a aucun pouvoir contraignant. Finalement, ce sont les autorités sanitaires du Valparaíso, région chilienne à laquelle est rattachée l'île de Pâques, qui trancheront sur l'avenir de l'île.

Par Andriatiana Rakotomanga