Le phare de Cordouan bientôt à l'Unesco ?

Le phare de Cordouan bientôt à l'Unesco ?Photo : SYGAL 93

Le Ministère de la Culture et le Ministère de la Transition Écologique (tutelle du Ministère des Transports) appuient la candidature du phare de Cordouan à la liste du Patrimoine Mondial de l'Unesco.

Qu'est-ce qui vaut donc un tel honneur à ce phare, par rapport à tous ceux en service en France et dans le monde ? Le dossier de candidature, afin de séduire l'Unesco, doit démontrer que le site remplit un certain nombre de critères. Le phare de Cordouan est un chef d'œuvre du génie créateur humain, un bâtiment exceptionnel conçu à la fois comme un édifice fonctionnel et comme une œuvre d'art et d'architecture. C'est également un symbole des grandes phases de l'histoire, notamment par son système d'éclairage.

Achevé en 1611, il veille à l'embouchure de l'estuaire de la Gironde, afin de signaler aux navires les dangers que représentent les nombreux bancs de sable environnants. Avec ses 408 années de service, c'est le troisième plus ancien phare encore en activité dans le monde, après ceux de Gênes, en Italie, et de La Corogne, en Espagne.

Seule sa base est d'origine renaissance. En 1790, la partie supérieure (à 37 m) a été supprimée et le phare a été surélevé jusqu'à atteindre sa hauteur actuelle de 67,50 m. Ses remarquables aménagements intérieurs lui ont valu le surnom de "Versailles des Mers". Au 1er étage, un appartement ornementé de marbre et équipé d'une cheminée, connu sous le nom d'Appartement du Roi a été aménagé par Colbert. Comme son nom de l'indique pas, aucun roi n'y a jamais séjourné, pas même Louis XIV alors même que son monogramme fait partie de l'ornementation. Au deuxième étage, une chapelle donne son côté spirituel au lieu. Ses registres comptent déjà plusieurs baptêmes, mais un seul mariage. Au troisième étage, dans la partie issue de la surélévation du phare, se trouve la "salle des Girondins", également décorée de marbre.

C'est au sixième étage qu'est installé le dispositif d'éclairage, l'autre point remarquable de ce phare qui a trouvé sa place dans l'histoire des sciences et de la technique. Car c'est à Cordouan qu'a été installée, en 1823, la première lentille de Fresnel, qui équipe de nos jours presque tous les phares du monde. Cette lentille a permis d'augmenter considérablement la portée des phares tout en diminuant leur consommation d'énergie, ainsi que de diminuer le poids, l'encombrement et le prix de l'ensemble.

Il faudra néanmoins encore un peu de patience pour savoir si les efforts des associations de sauvegarde du patrimoine, des collectivités locales et de l'État seront récompensés. L'Unesco ne rendra publique sa décision que vers juin 2020 et alors, peut-être, Cordouan rejoindra-t-il l'autre site classé des environs, la Basilique Notre-Dame-de-la-fin-des-Terres, au Patrimoine de l'Humanité.

Par Charles Lorrain